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EMMILA GITANA
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24 janvier 2013

PLAIDOYER


Le coquelicot, en voisin du blé ou du colza,

s’il sait s’aventurer parmi eux, préfère leur marge ;

peut-être est-ce juste qu’il ne se sent pas désiré,

n’étant pas plus agoraphobe, pas moins grégaire.

De toutes parts, des indigènes il se sait mal vu.

On le repère pourtant aisément dans un ensemble.

Ses pétales ondulant aux vents comme des drapeaux

inspirent sans doute moins la rigueur que la souplesse,

la mesure de la production que la fantaisie,

les supputations ou escomptes, que les jeux de chance,

les naufrages de la misère, la précarité.

Veut-on se débarrasser de lui, voilà qu’il s’obstine,

la tige toujours dansante dans sa gracilité.

Il s’accommode même de courir le long des routes

et en des lieux divers, de braver toutes les saisons.

S’il ne se mange, se vend, pas plus qu’il ne se transforme,

s’il nous semble, comme aux abeilles, sans goût ni parfum,

s’il ne donne au demeurant ni fruit, ni graine ni gousse,

si sa fragilité le rend réfractaire aux bouquets,

ses touches de sang sur les tons jaunes ou le vert tendre

nous le montrent aussi riche de sa seule beauté.

.




HENRI-LOUIS PALLEN

 

.

 

coquelicot2

 

 

 

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