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EMMILA GITANA
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26 janvier 2013

LA TERRE / LA TIERRA

Un monde comme un arbre arraché.

Une génération déracinée.

Des hommes sans autre destin que

d’étayer les ruines.

 

La mer se rue

Dans la mer, comme un hymen immense,

les arbres bercent le silence vert,

les étoiles crépitent, je les entends.

 

Seul l’homme est seul. Car il se sait

vivant et mortel. Car il se sent en fuite

ce fleuve du temps roulant vers la mort -.

 

Car il veut rester. Continuer de continuer,

monter, à contre-mort, jusqu’à l’éternité.

Il a peur de regarder. Il ferme les yeux

pour dormir du sommeil des vivants.

 

Mais la mort, de l’intérieur, regarde.

Mais la mort, de l’intérieur, regarde-la.

Mais la mort, de l’intérieur, tue.

 

… La mer  - la mer, comme un hymen immense,

les arbres remuant l’air vert,

la neige en flammes de la lumière en suspens…

 

.

 

Blas de Otero

 

 

.

 

«LA TIERRA»

 

 

Un mundo como un árbol desgajado.

Una generación desarraigada.

Unos hombres sin más destino que

apuntalar las ruinas.

 

Rompe el mar

en el mar, como un himen inmenso,

mecen los árboles el silencio verde,

las estrellas crepitan, yo las oigo.

 

Sólo el hombre está solo.

Es que se sabe vivo y mortal.

Es que se siente huir

ese río del tiempo hacia la muerte -.

 

Es que quiere quedar. Seguir siguiendo,

subir, a contra muerte, hasta lo eterno.

Le da miedo mirar. Cierra los ojos

para dormir el sueño de los vivos.

 

Pero la muerte, desde dentro, ve.

Pero la muerte, desde dentro, vela.

Pero la muerte, desde dentro, mata.

 

… El mar  - la mar -, como un himen inmenso,

los árboles moviendo el verde aire,

la nieve en llamas de la luz en vilo…

.

 

BLAS DE OTERO

 

.

 

george frederic watts2

Oeuvre Georges Frédéric Watts

 

 

 

 

 

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