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EMMILA GITANA
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4 mars 2013

ETAT DE RÊVE

Nul ne sait rien de la matière songeuse.

Des forêts comme givrées aux carreaux de l’enfance.
Du lait mêlé de sang ou de pois ou de lymphe ou de sève à l’intérieur des nuages. Des larmes. Des paupières humides et du ventre d’où suinte quelquefois la neige des étoiles.

Nul ne sait rien des algues.
Des mots à peine prononcés. Des lèvres effeuillées pétale après pétale.

*

C’est qu’il y a le ciel.

Ses plaies. Ses ecchymoses.

Des milliards d’oiseaux morts cloués aux volets de la nuit.
L’eau.
La pluie goutte à goutte, qui ruisselle puis dessine nervures et squelettes à même les trottoirs.

C’est qu’il y a des murs.
Des corps. Des mains. Tout au cœur du néant des floraisons inexplicables.

*

Des lieux aussi, perdus, enfouis dans la mémoire.

Des prairies ou des plateaux stratifiés d’ombre cartilagineuse.
Des collines.
Des montagnes abruptes en pleine solitude et, rugueux, filandreux çà et là, des fonds marins, des fleuves inquiets, des brumes, des marécages où grouillent des créatures toujours plus incertaines.

Des ronces. Des reptiles.

D’inidentifiables insectes armés de crocs et de griffes.
Des anémones qui gangrènent la chair.
Des herbes battues par le reflux des vagues.

*

Ce sont de hautes fougères, encore.

Un peu de vase. La lie blanchâtre d’une illusion peut-être. Ou des apparitions. Ce qui demeure d’un rêve quand l’aube se livre à l’équarrissage des ultimes chimères.

Il faut écrire alors.
Tracer des lignes. Peindre, marbrer, scarifier le sol jusqu’à l’instant promis où, sans doute est-ce façon d’espérance, on poussera la porte, s’offrant à la caresse lente du temps.

Il faut aimer.

Crier. Accepter, refuser l’échéance.

Oublier. Partir. S’inscrire, ainsi qu’Aymerick Ramilison ne cesse de le faire, au sein de l’infini naufrage, l’infinie naissance du monde.

N’être que cet arbre, là-bas.

Le bruit obsédant de l’averse. Quelques copeaux d’azur. La lumière sur les feuilles des saules, des bouleaux.

Le charnier radieux du silence.

 

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LIONEL  BOURG

 

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JAAMATI MOHAMED2

Oeuvre Jaamati Mohamed

 

 

 

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