FRANCOIS CHENG
Lorsque l’âme se fait entendre
Cette voix murmurante, ponctuante
Qui est source de tout chant
Basse continue ne connaissant
ni borne ni arrêt
Le temps est aboli et l’espace vaincu
Mais l’âme ne se fait entendre
Qu’en résonance avec une âme autre
Lèvre à lèvre
cœur à cœur
Deux voix mêlées, reliantes, ruisselantes
Joignant les feuilles jonchant le sol
aux nuages nimbant les cimes
Oui, lorsque l’âme parle à l’âme
Sauvant les corps de la séparation
de la dégradation
L’espace est aboli et le temps vaincu
Lorsqu’enfin les âmes se font chant
Par-dessus l’abîme des jours, l’étincelle
Qui en jaillit rallume soudain
la flamme immémoriale
Du fond du désir originel
Émerge le souffle rythmique
Strate sur strate
bord à bord
Le voilà recommençant
l’éternité-instant
Les marées printanières, toutes frayeurs
Toutes douleurs ravalées, renouvelle
le séjour des êtres en épousailles
Les âmes errantes réentendent leur voix
ponctuante, murmurante
Les âmes aimantes refont le chemin
enfoui de leur souvenance
Car rien de ce qui avait ému n’était
Perdu, ni le vieux mur qu’éblouit
Un coup de soleil, ni les champs d’un soir
Éclaboussés de fleurs sauvages…
Tout se révèle don, tout
se transmue en offrande
Lorsqu’enfin les âmes se font chant
.
FRANCOIS CHENG
.