JE CONNAIS DES ÎLES LOINTAINES
Pour Josiane
en pensant à son papa
A quoi penses-tu ? disait-il,
- Je pense au golfe de Marseille, -
Une angoisse qui se réveille,
Un morceau de cœur plein d’exil
Bascule dans un trou de larmes.
Les panneaux se sont refermés.
- Si tu veux, je t’écouterai,
La tristesse n’est pas sans charmes.
Je n’ose pas me rappeler.
Pourquoi ce couchant sans histoire
S’arrête-t-il dans ma mémoire
Comme une tartane échouée ?
Le soir du jour où les Caraques
Font leur fête au bord de la mer,
Le train bondé de rires clairs
Tourna un peu avant l’Estaque,
Et Marseille était dans le fond.
Sur la côte crépusculaire,
On voyait saigner les lumières
Des villas assises en rond.
Une vapeur de nuit marine,
Vers l’Afrique, via Gibraltar,
Traîna dans les filets du soir
La mer, les caps et les collines.
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LOUIS BRAUQUIER
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Oeuvre Jean-Baptiste Olive