Entre chien et loup
il y a la figue et le raisin

mêmes couleurs blanches ou noires
raisins à petits grains qui mordorent sous la treille
paresseux indolents et sucrés
grappes oblongues qui emplissent la paume de la main
grappes gluantes du miel piqueté par les guêpes
blanc le raisin de la treille
préservé par les vrilles des feuilles en étoiles

blanches aussi les figues du figuier
blanches mais pas vraiment
vertes du même vert
que l’arbre qui les porte
feuilles en étoiles
larges mains épanies
tissu qui râpe la chair tendre
dénudée de l’été
tissu qui râpe
comme râpe épaisse l’écorce de l’arbre

douce la figue le fruit du figuier
le fruit délicieux
androgyne parfait
bourse striée qui s’enfle
se gonfle et se rengorge
involucre dodu que savamment soupèsent
le regard puis les doigts
rondeur veloutée du jour

la peau se tend se fendille
s’ouvre tendre et blanche de rainures
le pédoncule pivote sous la pression légère
que tu imprimes au fruit
un suc laiteux perle qui mollit la tige
souple se détache le fruit craquelé
qui se rend à ta main caressante

du regard tu désires la figue repue
avant que d’en ouvrir délicate la chair
d’écarter la robe docile
en deux valves pareilles
l’aumônière cède au palper de tes doigts
libère sa pulpe charnue
tissée de filaments
impudique vulve
qui livre à ta lèvre gourmande
les secrets de ses brûlants rubis

 

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ANGELE PAOLI

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2004/12/premires_figues.html

 

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figues