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EMMILA GITANA
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30 septembre 2013

ELOGE DES OISEAUX / ELOGIO DEGLI UCCELLI

 

SEAU


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Les oiseaux sont, par nature, les créatures les plus joyeuses au monde. Je ne prétends pas par là qu’à les entendre ou à les voir, l’on se réjouisse toujours; mais je veux dire que les oiseaux, en eux-mêmes, ressentent la joie et la gaieté plus que les autres animaux. Ceux-ci paraissent d’ordinaire sérieux et graves; nombre d’entre eux se montrent même mélancoliques: chez eux la joie ne se manifeste guère, et encore les signes en sont-ils timides et fugaces. Dans la plupart de leurs jouissances et de leurs plaisirs, jamais ils ne font fête ni ne témoignent d’allégresse. Les campagnes verdoyantes, les horizons dégagés et splendides, les soleils éclatants, les cieux cristallins et doux les charmeraient-ils, ils n’en laissent jamais rien voir; excepté les lièvres, dont Xénophon écrit qu’aux nuits de lune, surtout lorsqu’elle est pleine, ils dansent et s’ébattent ensemble, égayés par la lumière. C’est dans leurs mouvements et leur allure que les oiseaux se montrent surtout si joyeux: et ce pouvoir qu’ils ont de nous réjouir à leur spectacle tient à ce que leurs manières et leur aspect expriment une aptitude naturelle, une inclination particulière à éprouver du plaisir et de la joie; et c’est là une apparence qui ne saurait être tenue pour vaine et trompeuse. En effet à chacun de leurs bonheurs, à chacune de leurs satisfactions, ils se prennent à chanter; plus ce bonheur et cette satisfaction sont vifs, plus ils mettent d’ardeur et de zèle dans leur chant; et comme ils chantent le plus clair de leur temps, ils doivent être de belle humeur et favorisés par le plaisir. S’il est certain qu’à la saison des amours ils chantent mieux, plus souvent et plus longtemps, il ne faut pas croire qu’ils ne connaissent d’autres raisons, heureuses et agréables, de chanter. Ainsi l’on voit bien qu’ils chantent davantage par temps calme et lumineux que lorsqu’il fait sombre et que l’air est agité; et que dans la tempête ils se taisent, comme chaque fois qu’ils sont pris de frayeur. Mais celle-ci passée, ils reviennent avec leurs chants et leurs jeux. Et, de même, ils ont coutume de chanter à l’aube, dès le réveil, poussés en partie par la joie du jour nouveau, en partie par le plaisir que prend généralement tout animal à sentir ses forces restaurées par le sommeil. Ils tirent aussi une joie extrême des riantes prairies, des vallées fertiles, des eaux pures et transparentes et de la beauté du paysage. En cela il est remarquable que ce qui nous paraît gracieux et plaisant, le leur paraisse aussi, comme on peut le voir aux leurres dont on se sert dans les oiselleries pour les attirer vers les filets et vers les pièges. L’on s’en rend compte également à la situation des lieux champêtres où ils se rassemblent en plus grand nombre et chantent avec plus de constance et d’entrain. Tandis que les autres animaux, si ce n’est peut-être ceux que l’homme a domestiqués et habitués à vivre avec lui, ne sont presque jamais sensibles à l’agrément et au charme des lieux. Et il ne faut pas s’en étonner, car ils ne sont sensibles qu’à ce qui est naturel. Or, en cette matière, la majeure partie de ce que nous appelons naturel ne l’est pas, et est bien plutôt artificiel; ainsi, les champs cultivés, les arbres et les plantes taillés et disposés avec art, les cours d’eau endigués et détournés de leur lit, n’offrent pas l’apparence que leur eût prêtée l’état de nature. Si bien que, sans parler des villes et des autres lieux où les hommes se concentrent pour vivre, l’aspect de tout pays civilisé, depuis des générations, est purement artificiel, fort différent en cela de ce qu’il serait naturellement. Certains prétendent, ce qui conforterait notre propos, que la voix des oiseaux dans nos régions est plus délicate et plus douce, et leur chant plus harmonieux que dans celles où les habitants sont rudes et sauvages; et ils concluent que les oiseaux, même à l’état de liberté, empruntent quelque chose à la civilisation de ces hommes dont ils côtoient les demeures.

 


Quoi qu’il en soit, ce fut une remarquable combinaison de la nature que d’accorder aux mêmes animaux le vol et le chant, car, ainsi, ceux qui ont à divertir les autres créatures avec la voix se rencontrent d’ordinaire dans les lieux élevés, d’où celle-ci peut se répandre plus largement à l’entour et toucher un plus grand nombre d’auditeurs; et d’autre part, l’élément destiné au son, l’air, se trouve peuplé de créatures chantantes et musiciennes. C’est vraiment un grand réconfort et un grand plaisir que procure, autant, me semble-t-il, aux animaux qu’à nous-mêmes, le chant des oiseaux. Je crois que cela tient moins à la douceur des sons, à leur variété ou à leur harmonie, qu’à cette idée de joie qu’exprime naturellement le chant, en particulier celui-là, lequel est une sorte de rire que l’oiseau émet lorsqu’il est plongé dans le bien-être et le contentement.

 


Ainsi, pourrait-on dire, les oiseaux partagent avec l’homme le privilège de rire, que la nature refuse aux autres animaux; raison pour laquelle certains pensent que l’homme, qui est défini comme un animal intelligent ou raisonnable, pourrait tout aussi bien être qualifié d’animal rieur, étant donné que le rire ne le caractérise pas moins en propre que la raison. Certes, c’est merveille qu’au fond de l’homme, de toutes les créatures la plus misérable et la plus tourmentée, réside la faculté de rire, étrangère à tout autre animal. Merveilleux aussi, l’usage que nous faisons de cette faculté, puisque jetés dans la plus cruelle infortune, accablés de chagrin, écœurés de la vie, convaincus de l’inanité des biens humains, à peu près inaccessibles à la joie et privés de tout espoir, nous n’en sommes pas moins capables de rire. Bien mieux: moins ils ignorent la vanité de ces biens, et la misère de la vie, moins ils sont aptes à espérer et à jouir, et plus ces êtres singuliers se montrent susceptibles de rire. Rire dont il est à peine possible de définir et d’élucider la nature, ses ressorts profonds et ses modes, surtout pour ce qui touche à l’âme, à moins de dire qu’il est une espèce de folie qui ne dure pas, ou même d’égarement et de délire. Car les hommes, que rien ne peut réellement charmer et satisfaire, ne peuvent jamais avoir un motif pertinent et sensé de rire. Il serait même curieux de chercher pourquoi et en quelle occasion l’homme a vraisemblablement usé et pris conscience pour la première fois de ce pouvoir. Il n’est pas douteux, en effet, qu’à l’état primitif et sauvage il se montre le plus souvent sérieux, comme les autres animaux, voire d’une apparence mélancolique. Aussi pensé-je que le rire, non seulement apparut dans le monde après les larmes - ce qui ne saurait être contesté -, mais qu’un long moment se passa avant que l’on n’en fît la première expérience. En ce temps-là, la mère ne souriait pas à son enfant, et celui-ci ne reconnaissait pas, comme dit Virgile, sa mère à son sourire. Car si aujourd’hui, du moins dans les contées civilisées, les hommes commencent à rire peu après la naissance, ils le font essentiellement en vertu de l’exemple, lorsqu’ils voient rire les autres. Et je croirais volontiers que la première occasion de rire a été donnée aux hommes par l’ivresse, cet autre caractère bien propre au genre humain. L’origine de celle-ci remonte bien avant que notre espèce connaisse aucune forme de civilisation, car il n’est pas un peuple, si grossier soit-il, qui n’ait inventé quelque boisson ou tout autre moyen de s’enivrer, et n’ait accoutumé d’en user avec passion. L’on ne saurait s’en étonner, si l’on considère que les hommes, qui sont les plus malheureux des animaux, sont séduits plus qu’aucun autre par toute forme d’aliénation non douloureuse de l’esprit, d’oubli de soi-même et, pour ainsi dire, de suspension de la vie; ce faisant, ils annulent ou estompent pour quelque temps le sentiment et la conscience de leurs maux, ce qui pour eux n’est pas le moindre des bienfaits. On sait d’autre part que les sauvages, tristes et graves en temps normal, s’abandonnent au rire lorsqu’ils sont ivres et, contre leur habitude, se mettent alors à chanter et à parler d’abondance. Mais sur ce sujet je reviendrai longuement dans une histoire du rire, que je me propose d’écrire plus tard: là, après avoir étudié sa naissance, je poursuivrai en narrant ses exploits et ses tribulations jusqu’à nos jours où il est plus en faveur que jamais, tenant dans les nations civilisées une place et un rôle si grands qu’il remplit l’office dévolu en d’autres temps à la vertu, à la justice et à l’honneur; c’est ainsi, par exemple, qu’il intimide parfois les hommes et les détourne de mal faire. Mais, pour conclure sur le chant des oiseaux, j’ajouterai que le spectacle de la joie chez autrui, lorsqu’il n’y a pas lieu d’en être jaloux, nous réconforte et nous égaie toujours, et que par suite il faut louer la nature d’avoir pris soin que le chant des oiseaux, qui est une manifestation d’allégresse et une sorte de rire, fût chose publique; contrairement au chant et au rire humains qui, eu égard au reste du monde, demeurent chose privée. Et c’est par une sage disposition de la nature, que la terre et l’air sont remplis d’animaux qui, de leurs cris de joie sonores et incessants, applaudissent tout le jour à l’existence universelle et incitent à l’allégresse les autres créatures, en leur délivrant le témoignage perpétuel, quoique mensonger, de la félicité des choses.

 


Si les oiseaux se montrent et sont effectivement plus joyeux que les autres animaux, ce n’est pas sans raison. En vérité, comme je l’ai indiquée d’emblée, ils sont, par nature, mieux disposés au plaisir et au bonheur. D’abord, ils semblent ignorer l’ennui; ils changent de lieu à tout instant, passant d’un pays à un autre, insoucieux des distances, s’élevant d’un trait, avec une aisance stupéfiante, depuis le niveau du sol jusqu’aux régions les plus hautes de l’air. Ils ressentent au cours de l’existence une infinité d’impressions différentes; ils se dépensent physiquement sans compter et débordent, pour ainsi dire, de vie extérieure. Les autres animaux, sitôt qu’ils ont pourvu à leurs besoins, aiment à se tenir en paix, à rester oisifs; aucun, hormis les poissons et quelques insectes, ne se livre aux courses lointaines pour le seul plaisir. A moins qu’il ne soit chassé par la tempête, les fauves ou quelque autre calamité, l’homme primitif ne se déplace qu’à peine, excepté pour subvenir à ses besoins, ce qui ne lui coûte que peu de temps et d’efforts. Il chérit par-dessus tout le loisir et le repos, et passe nonchalamment presque tout le jour à paresser à l’intérieur de sa hutte informe, ou bien au grand air, ou encore à l’abri de quelque faille au creux des rochers. Les oiseaux, au contraire, ne tiennent jamais en place; ils vont et viennent sans nécessité, se plaisant à voler par jeu, et s’éloignent ainsi parfois à des centaines de milles de leur séjour habituel, pour finalement revenir avant le soir, dans la même journée. Dans le court instant où ils demeurent au même endroit, ils s’agitent toujours de côté et d’autre, tournoient, ploient leur col, étirent leurs ailes, s’ébrouent et virevoltent, avec une aisance, une vivacité, une promptitude indicibles. Bref, depuis l’heure où il sort de l’œuf, jusqu’à celle de sa mort, l’oiseau, mis à part la coupure des sommeils, ne se repose jamais. De ces observations il semble possible de conclure que, si l’état naturel des autres animaux ainsi que de l’homme est le repos, celui des oiseaux est le mouvement.

 

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OISEAU 2

 

 


A ces caractéristiques extérieures correspondent des qualités internes, propres au domaine de l’âme, lesquelles leur assurent également une plus grande aptitude au bonheur. Ils ont l’ouïe si fine, la vue si perçante et si parfaite, qu’on ne peut que difficilement s’en faire une représentation exacte. Ces facultés leur permettent de jouir tout le jour de spectacles immenses, sans cesse changeants, car de là-haut, ils découvrent d’un coup d’œil une telle étendue de terre et distinguent tant de lieux différents que même par l’esprit, l’homme ne saurait les embrasser aussi vite. On peut en déduire que c’est chez les oiseaux que l’imagination atteint son plus haut degré de vivacité et de puissance. Non point cette imagination profonde, fébrile, orageuse, qui fut celle de Dante et du Tasse, don funeste, lourd d’angoisses et de tourments perpétuels, mais une imagination riche, variée, légère, instable et enfantine, source inépuisable de pensées aimables et joyeuses, de tendres illusions, de jouissance et de plénitude, et qui est le présent le plus précieux que puisse accorder la nature à une âme vivante. Ainsi, de cette faculté, les oiseaux recueillent-ils à profusion ce qui favorise l’épanouissement de l’âme, non ce qui lui pèse et la chagrine. Et de même qu’ils abondent de vie extérieure, mais de telle sorte que cette abondance leur soit heureuse et profitable comme chez les enfants, sans jamais devenir cause de souffrance et de détresse, comme c’est le cas pour la plupart des hommes. En effet, pour l’agilité et la vivacité du corps, l’enfant et l’oiseau présentent des similitudes évidentes, qui laissent raisonnablement supposer qu’ils se ressemblent ainsi pour les qualités de l’âme. On voit que si les biens de l’enfance étaient communs aux autres âges, et si les maux qui affectent ceux-ci n’excédaient pas les misères de nos premières années, nous aurions peut-être quelque raison de supporter patiemment la vie.

 


A mon sens, la nature des oiseaux, sous certains aspects, dépasse en perfection celle des autres animaux. Par exemple, dans les domaines de la vue et de l’ouïe, qui, suivant l’ordre naturel des êtres animés, sont considérés comme les sens principaux, l’oiseau l’emporte très largement. De surcroît, comme on l’a déjà vu, les oiseaux, à la différence des autres créatures, sont particulièrement enclins à se mouvoir; or le mouvement ressemble plus à la vie que le repos - on peut même dire que la vie est mouvement - et les oiseaux sont déjà nantis au plus haut degré de cette aptitude-là. En outre, la vue et l’ouïe, qui sont leurs facultés dominantes, sont les deux sens qui caractérisent le mieux les êtres vivants, car ils sont les plus mobiles, tant en eux-mêmes que pour les comportements et les émotions qu’ils induisent chez l’animal. Enfin, en tenant compte de tout ce qui vient d’être exposé, on conclura sans peine que l’oiseau est, de toutes les créatures, celle qui jouit de la plus grande richesse de vie intérieure et extérieure. Or, si la vie est plus parfaite que son contraire, du moins chez les créatures vivantes, et si une plus grande abondance de vie indique une plus grande perfection, il s’ensuit que les oiseaux sont également capables de supporter le froid et la chaleur extrêmes, et de passer de l’un à l’autre sans transition, comme on le voit aisément lorsqu’ils quittent la terre pour s’élever en un instant jusqu’aux régions les plus hautes du ciel, où règnent des températures glaciales, ou quand nombre d’entre eux migrent en quelques jours sous des climats très différents.

 


Enfin, comme Anacréon, qui désirait se changer en miroir pour être sans cesse contemplé par celle qu’il aimait, ou en tunique pour la vêtir, en baume pour oindre son corps, en eau pour la baigner, en bandelette pour être serré sur son sein, en perle pour être suspendu à son cou, ou en soulier pour qu’au moins elle le pressât de son pied, de même, moi, je voudrais un moment me transformer en oiseau pour connaître le contentement et la joie qu’ils éprouvent à vivre."

 

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GIACOMO LEOPARDI

 

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OISEAU1

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Amelio filosofo solitario, stando una mattina di primavera, co' suoi libri, seduto all'ombra di una sua casa in villa, e leggendo; scosso dal cantare degli uccelli per la campagna, a poco a poco datosi ad ascoltare e pensare, e lasciato il leggere; all'ultimo pose mano alla penna, e in quel medesimo luogo scrisse le cose che seguono.
Sono gli uccelli naturalmente le più liete creature del mondo. Non dico ciò in quanto se tu li vedi o gli odi, sempre ti rallegrano; ma intendo di essi medesimi in sé, volendo dire che sentono giocondità e letizia più che alcuno altro animale. Si veggono gli altri animali comunemente seri e gravi; e molti di loro anche paiono malinconici: rade volte fanno segni di gioia, e questi piccoli e brevi; nella più parte dei loro godimenti e diletti, non fanno festa, né significazione alcuna di allegrezza; delle campagne verdi, delle vedute aperte e leggiadre, dei soli splendidi, delle arie cristalline e dolci, se anco sono dilettati, non ne sogliono dare indizio di fuori: eccetto che delle lepri si dice che la notte, ai tempi della luna, e massime della luna piena, saltano e giuocano insieme, compiacendosi di quel chiaro, secondo che scrive Senofonte. Gli uccelli per lo più si dimostrano nei moti e nell'aspetto lietissimi; e non da altro procede quella virtù che hanno di rallegrarci colla vista, se non che le loro forme e i loro atti, universalmente, sono tali, che per natura dinotano abilità e disposizione speciale a provare godimento e gioia: la quale apparenza non è da riputare vana e ingannevole. Per ogni diletto e ogni contentezza che hanno, cantano; e quanto è maggiore il diletto o la contentezza, tanto più lena e più studio pongono nel cantare. E cantando buona parte del tempo, s'inferisce che ordinariamente stanno di buona voglia e godono. E se bene è notato che mentre sono in amore, cantano meglio, e più spesso, e più lungamente che mai; non è da credere però, che a cantare non li muovano altri diletti e altre contentezze fuori di queste dell'amore. Imperocché si vede palesemente che al dì sereno e placido, cantano più che all'oscuro e inquieto: e nella tempesta si tacciono, come anche fanno in ciascuno altro timore che provano; e passata quella, tornano fuori cantando e giocolando gli uni cogli altri. Similmente si vede che usano di cantare in sulla mattina allo svegliarsi; a che sono mossi parte dalla letizia che prendono del giorno nuovo, parte da quel piacere che è generalmente a ogni animale sentirsi ristorati dal sonno e rifatti. Anche si rallegrano sommamente delle verzure liete, vallette fertili, delle acque pure e lucenti, del paese bello. Nelle quali cose è notabile che quello che pare ameno e leggiadro a noi, quello pare anche a loro; come si può conoscere dagli allettamenti coi quali sono tratti alle reti o alle panie, negli uccellari e paretai. Si può conoscere altresì dalla condizione di quei luoghi alla campagna, nei quali per l'ordinario è più frequenza di uccelli, e il canto loro assiduo e fervido. Laddove gli altri animali, se non forse quelli che sono dimesticati e usi a vivere cogli uomini, o nessuno o pochi fanno quello stesso giudizio che facciamo noi, dell'amenità e della vaghezza dei luoghi. E non è da maravigliarsene: perocché non sono dilettati se non solamente dal naturale. Ora in queste cose, una grandissima parte di quello che noi chiamiamo naturale, non è; anzi è piuttosto artificiale: come a dire, i campi lavorati, gli alberi e le altre piante educate e disposte in ordine, i fiumi stretti infra certi termini e indirizzati a certo corso, e cose simili, non hanno quello stato né quella sembianza che avrebbero naturalmente. In modo che la vista di ogni paese abitato da qualunque generazione di uomini civili, eziandio non considerando le città, e gli altri luoghi dove gli uomini si riducono a stare insieme; è cosa artificiata, e diversa molto da quella che sarebbe in natura. Dicono alcuni, e farebbe a questo proposito, che la voce degli uccelli è più gentile e più dolce, e il canto più modulato, nelle parti nostre, che in quelle dove gli uomini sono selvaggi e rozzi; e conchiudono che gli uccelli, anco essendo liberi, pigliano alcun poco della civiltà di quegli uomini alle cui stanze sono usati.
O che questi dicano il vero o no, certo fu notabile provvedimento della natura l'assegnare a un medesimo genere di animali il canto e il volo; in guisa che quelli che avevano a ricreare gli altri viventi colla voce, fossero per l'ordinario in luogo alto; donde ella si spandesse all'intorno per maggiore spazio, e pervenisse a maggior numero di uditori. E in guisa che l'aria, la quale si è l'elemento destinato al suono, fosse popolata di creature vocali e musiche. Veramente molto conforto e diletto ci porge, e non meno, per mio parere, agli altri animali che agli uomini, l'udire il canto degli uccelli. E ciò credo io che nasca principalmente, non dalla soavità de' suoni, quanta che ella si sia, né dalla loro varietà, né dalla convenienza scambievole; ma da quella significazione di allegrezza che è contenuta per natura, sì nel canto in genere, e sì nel canto degli uccelli in ispecie. Il quale è, come a dire, un riso, che l'uccello fa quando egli si sente star bene e piacevolmente.
Onde si potrebbe dire in qualche modo, che gli uccelli partecipano del privilegio che ha l'uomo di ridere: il quale non hanno gli altri animali; e perciò pensarono alcuni che siccome l'uomo è definito per animale intellettivo o razionale, potesse non meno sufficientemente essere definito per animale risibile; parendo loro che il riso non fosse meno proprio e particolare all'uomo, che la ragione. Cosa certamente mirabile è questa, che nell'uomo, il quale infra tutte le creature è la più travagliata e misera, si trovi la facoltà del riso, aliena da ogni altro animale. Mirabile ancora si è l'uso che noi facciamo di questa facoltà: poiché si veggono molti in qualche fierissimo accidente, altri in grande tristezza d'animo, altri che quasi non serbano alcuno amore alla vita, certissimi della vanità di ogni bene umano, presso che incapaci di ogni gioia, e privi di ogni speranza; nondimeno ridere. Anzi, quanto conoscono meglio la vanità dei predetti beni, e l'infelicità della vita; e quanto meno sperano, e meno eziandio sono atti a godere; tanto maggiormente sogliono i particolari uomini essere inclinati al riso. La natura del quale generalmente, e gl'intimi principii e modi, in quanto si è a quella parte che consiste nell'animo, appena si potrebbero definire e spiegare; se non se forse dicendo che il riso e specie di pazzia non durabile, o pure di vaneggiamento e delirio. Perciocché gli uomini, non essendo mai soddisfatti né mai dilettati veramente da cosa alcuna, non possono aver causa di riso che sia ragionevole e giusta. Eziandio sarebbe curioso a cercare, donde e in quale occasione più verisimilmente, l'uomo fosse recato la prima volta a usare e a conoscere questa sua potenza. Imperocché non è dubbio che esso nello stato primitivo e selvaggio, si dimostra per lo più serio, come fanno gli altri animali; anzi alla vista malinconico. Onde io sono di opinione che il riso, non solo apparisse al mondo dopo il pianto, della qual cosa non si può fare controversia veruna; ma che penasse un buono spazio di tempo a essere sperimentato e veduto primieramente.

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OISEAU 3

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Nel qual tempo, né la madre sorridesse al bambino, né questo riconoscesse lei col sorriso, come dice Virgilio. Che se oggi, almeno dove la gente è ridotta a vita civile, incominciano gli uomini a ridere poco dopo nati; fannolo principalmente in virtù dell'esempio, perché veggono altri che ridono. E crederei che la prima occasione e la prima causa di ridere, fosse stata agli uomini la ubbriachezza; altro effetto proprio e particolare al genere umano. Questa ebbe origine lungo tempo innanzi che gli uomini fossero venuti ad alcuna specie di civiltà; poiché sappiamo che quasi non si ritrova popolo così rozzo, che non abbia provveduto di qualche bevanda o di qualche altro modo da inebbriarsi, e non lo soglia usare cupidamente. Delle quali cose non è da maravigliare; considerando che gli uomini, come sono infelicissimi sopra tutti gli altri animali, eziandio sono dilettati più che qualunque altro, da ogni non travagliosa alienazione di mente, dalla dimenticanza di se medesimi, dalla intermissione, per dir così, della vita; donde o interrompendosi o per qualche tempo scemandosi loro il senso e il conoscimento dei propri mali, ricevono non piccolo benefizio. E in quanto al riso, vedesi che i selvaggi, quantunque di aspetto seri e tristi negli altri tempi, pure nella ubbriachezza ridono profusamente; favellando ancora molto e cantando, contro al loro usato. Ma di queste cose tratterò più distesamente in una storia del riso, che ho in animo di fare: nella quale, cercato che avrò del nascimento di quello, seguiterò narrando i suoi fatti e i suoi casi e le sue fortune, da indi in poi, fino a questo tempo presente; nel quale egli si trova essere in dignità e stato maggiore che fosse mai; tenendo nelle nazioni civili un luogo, e facendo un ufficio, coi quali esso supplisce per qualche modo alle parti esercitate in altri tempi dalla virtù, dalla giustizia, dall'onore e simili; e in molte cose raffrenando e spaventando gli uomini dalle male opere. Ora conchiudendo del canto degli uccelli, dico, che imperocché la letizia veduta o conosciuta in altri, della quale non si abbia invidia, suole confortare e rallegrare; però molto lodevolmente la natura provvide che il canto degli uccelli, il quale è dimostrazione di allegrezza, e specie di riso, fosse pubblico; dove che il canto e il riso degli uomini, per rispetto al rimanente del mondo, sono privati: e sapientemente operò che la terra e l'aria fossero sparse di animali che tutto dì, mettendo voci di gioia risonanti e solenni, quasi applaudissero alla vita universale, e incitassero gli altri viventi ad allegrezza, facendo continue testimonianze, ancorché false, della felicità delle cose.
E che gli uccelli sieno e si mostrino lieti più che gli altri animali, non è senza ragione grande. Perché veramente, come ho accennato a principio, sono di natura meglio accomodati a godere e ad essere felici. Primieramente, non pare che sieno sottoposti alla noia. Cangiano luogo a ogni tratto; passano da paese a paese quanto tu vuoi lontano, e dall'infima alla somma parte dell'aria, in poco spazio di tempo, e con facilità mirabile; veggono e provano nella vita loro cose infinite e diversissime; esercitano continuamente il loro corpo; abbondano soprammodo della vita estrinseca. Tutti gli altri animali, provveduto che hanno ai loro bisogni, amano di starsene quieti e oziosi; nessuno, se già non fossero i pesci, ed eccettuati pure alquanti degl'insetti volatili, va lungamente scorrendo per solo diporto. Così l'uomo silvestre, eccetto per supplire di giorno in giorno alle sue necessità, le quali ricercano piccola e breve opera; ovvero se la tempesta, o alcuna fiera, o altra sì fatta cagione non lo caccia; appena è solito di muovere un passo: ama principalmente l'ozio e la negligenza: consuma poco meno che i giorni intieri sedendo neghittosamente in silenzio nella sua capannetta informe, o all'aperto, o nelle rotture e caverne delle rupi e dei sassi. Gli uccelli, per lo contrario, pochissimo soprastanno in un medesimo luogo; vanno e vengono di continuo senza necessità veruna; usano il volare per sollazzo; e talvolta, andati a diporto più centinaia di miglia dal paese dove sogliono praticare, il dì medesimo in sul vespro vi si riducono. Anche nel piccolo tempo che soprasseggono in un luogo, tu non li vedi stare mai fermi della persona; sempre si volgono qua e là, sempre si aggirano, si piegano, si protendono, si crollano, si dimenano; con quella vispezza, quell'agilità, quella prestezza di moti indicibile. In somma, da poi che l'uccello è schiuso dall'uovo, insino a quando muore, salvo gl'intervalli del sonno, non si posa un momento di tempo. Per le quali considerazioni parrebbe si potesse affermare, che naturalmente lo stato ordinario degli altri animali, compresovi ancora gli uomini, si è la quiete; degli uccelli, il moto.
A queste loro qualità e condizioni esteriori corrispondono le intrinseche, cioè dell'animo; per le quali medesimamente sono meglio atti alla felicità che gli altri animali. Avendo l'udito acutissimo, e la vista efficace e perfetta in modo, che l'animo nostro a fatica se ne può fare una immagine proporzionata; per la qual potenza godono tutto giorno immensi spettacoli e variatissimi, e dall'alto scuoprono, a un tempo solo, tanto spazio di terra, e distintamente scorgono tanti paesi coll'occhio, quanti, pur colla mente, appena si possono comprendere dall'uomo in un tratto; s'inferisce che debbono avere una grandissima forza e vivacità, e un grandissimo uso d'immaginativa. Non di quella immaginativa profonda, fervida e tempestosa, come ebbero Dante, il Tasso; la quale è funestissima dote, e principio di sollecitudini e angosce gravissime e perpetue; ma di quella ricca, varia, leggera, instabile e fanciullesca; la quale si è larghissima fonte di pensieri ameni e lieti, di errori dolci, di vari diletti e conforti; e il maggiore e più fruttuoso dono di cui la natura sia cortese ad anime vive. Di modo che gli uccelli hanno di questa facoltà, in copia grande, il buono, e l'utile alla giocondità dell'animo, senza però partecipare del nocivo e penoso. E siccome abbondano della vita estrinseca, parimente sono ricchi della interiore: ma in guisa, che tale abbondanza risulta in loro benefizio e diletto, come nei fanciulli; non in danno e miseria insigne, come per lo più negli uomini. Perocché nel modo che l'uccello quanto alla vispezza e alla mobilità di fuori, ha col fanciullo una manifesta similitudine; così nelle qualità dell'animo dentro, ragionevolmente è da credere che lo somigli. I beni della quale età se fossero comuni alle altre, e i mali non maggiori in queste che in quella; forse l'uomo avrebbe cagione di portare la vita pazientemente. A parer mio, la natura degli uccelli, se noi la consideriamo in certi modi, avanza di perfezione quelle degli altri animali. Per maniera di esempio, se consideriamo che l'uccello vince di gran lunga tutti gli altri nella facoltà del vedere e dell'udire, che secondo l'ordine naturale appartenente al genere delle creature animate, sono i sentimenti principali; in questo modo seguita che la natura dell'uccello sia cosa più perfetta che sieno le altre nature di detto genere. Ancora, essendo gli altri animali, come è scritto di sopra, inclinati naturalmente alla quiete, e gli uccelli al moto; e il moto essendo cosa più viva che la quiete, anzi consistendo la vita nel moto, e gli uccelli abbondando di movimento esteriore più che veruno altro animale; e oltre di ciò, la vista e l'udito, dove essi i eccedono tutti gli altri, e che maggioreggiano tra le loro potenze, essendo i due sensi più particolari ai viventi, come anche più vivi e più mobili, tanto in se medesimi, quanto negli abiti e altri effetti che da loro si producono nell'animale dentro e fuori; e finalmente stando le altre cose dette dinanzi; conchiudesi che l'uccello ha maggior copia di vita esteriore e interiore, che non hanno gli altri animali. Ora, se la vita è cosa più perfetta che il suo contrario, almeno nelle creature viventi; e se perciò la maggior copia di vita è maggiore perfezione; anche per questo modo seguita che la natura degli uccelli sia più perfetta. Al qual proposito non è da passare in silenzio che gli uccelli sono parimente acconci a sopportare gli estremi del freddo e del caldo; anche senza intervallo di tempo tra l'uno e l'altro: poiché veggiamo spesse volte, che da terra, in poco più che un attimo, si levano su per l'aria insino a qualche parte altissima, che è come dire a un luogo smisuratamente freddo; e molti di loro, in breve tempo, trascorrono volando diversi climi.
In fine, siccome Anacreonte desiderava potersi trasformare in ispecchio per esser mirato continuamente da quella che egli amava, o in gonnellino per coprirla, o in unguento per ungerla, o in acqua per lavarla, o in fascia, che ella se lo stringesse al seno, o in perla da portare al collo, o in calzare, che almeno ella lo premesse col piede; similmente io vorrei, per un poco di tempo, essere convertito in uccello, per provare quella contentezza e letizia della loro vita.

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oiseau 4

 

 

 

 

 

 

 

 

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