Peut-être te suis-je inutile,
Nuit; de l’abîme universel
Je suis sur ta rive jeté
Comme un coquillage sans perle
Ta vague indifférente bat,
Et tu chantes, inconciliable;
Mais tu aimeras, tu apprécieras
Le mensonge de l’inutile coquillage.
Tu vas revêtir ta chasuble,
T’étendre sur le sable auprès de lui,
Y nouer avec des liens indissolubles
La cloche énorme des roulis.
Et les parois du frêle coquillage,
Tu vas les emplir d’un murmure d’écume,
Comme la maison d’un coeur inhabité,
Et de vent, et de pluie, et de brume.
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OSSIP MANDELSTAM
Traduction François Kérel
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http://www.youtube.com/watch?v=M9Hmm92mS_c
Sur les côtes méridionales
Juste en bas des champs de fraisiers
L'eau a tressé le lit nuptial
De la mort et de l'exilé
La mer a recraché son corps
Puis a engloutit son radeau
L'écume a dessiné son sort
D'un geste précis sur sa peau
Sur l'autre rive dans la ville blanche
Tangue la mère du naufragé
Elle chante à Allah les louanges
Qui béniront sa traversée
Sa danse soulève la terre
Et la poussière vient dessiner
Un nuage d'or dans la lumière
Un brouillard ocre halluciné
D'étranges coquillages bleus
Entre les jambes des vacanciers
Dorment sur le sable.
Julie Jaroszewski