NOUVEAU JOUR
L’époque penche du côté de la mort
arbres dont la sève s’est éteinte
peuples aux rêves épuisés
miroirs mouvants sur la grève
moi je penche plutôt
du côté de tes hanches
du côté de ton ventre
je bois l’alcool de tes désirs
et le petit jour sur tes seins
allume son feu de frissons
tes paupières se défroissent
lorsque ma bouche les mouille
tu bredouilles de bonnes paroles
en te serrant contre mon corps palpitant
dehors la guerre fait rage
les foules se pressent au travail
tu es la terre que je préfère
avec toi je voyage dans la lumière
où se font et se défont les apparences
à ton souffle je m’expose
aux ailes des aurores boréales
aux serpents d’écume des rivages
aux tourments de perles des tempêtes
à l’innocence d’un chant d’oiseau
avec toi je marche titubant
étonné d’être parmi les roses
ce lys sauvage buvant l’azur
je me coule dans la joie de tes eaux claires
tu fais battre les vagues de mon sang
sur les sommets de tes crêtes vives
avec toi le monde se retourne
et repart du côté de l’amour.
.
ANDRE CHENET
.