POUR SALUER GIONO...
Je me souviens de l'atelier de mon père
En train de coudre des souliers de cuir d'ange
De la belle frondaison qu'était sa barbe
Des chardonnerets dansaient dans leur cage
J'étais " Jean le bleu" qui voyait des visages
Sur les murs aux sortilèges de chaux blanche
Temps des vols massifs d'hirondelles sur les marais
Et sur la lande basse où paissaient des chevaux
Le vieil atelier encombré d'outils embaumait
Le cuir la poix le duvet et la soie de porc
Sur l'établi s'ouvraient la Bible et Homère
Les courses dans les collines étaient mon Odyssée
J'ai vécu dans un monde d'enchantement
J'avais besoin d'héroïsme, d'amour, de blessures
" Quand on a le souffle pur, disait mon père,
On éteint autour de soi les plaies comme des lampes".
Et mon enfance s'est envolée comme les colombes...
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JACQUES VIALLEBESSET
Poème inédit. A paraître in" Pour saluer Giono"
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