CHANT POUR LE JARDIN DE L'EAU
L’eau inaugure le lieu
L’eau, âme libre venant à toi
d’un obscur si proche
Ecoute l’eau
toi
qui passes cette porte
Premier pas
est l’amour
Tous les pas suivants
gravissent la mémoire
pour saluer les passants
Ici, nul étranger
tous frères nous sommes
venus pour célébrer la pureté de l’eau
Ô souveraine
qui veilles à la pureté
n’oublie pas
qu’entre tes mains
l’eau fait fleurir l’âme
et coule jusqu’à l’infini
Rien ne te sépare de cette brise
Rien de ce silence
Que je touche une plante
est comme
si je touchais
l’étoile
Nous sommes
de même nature
Ici, j’écoute les entrailles qui scandent
Ecris le salut
Ecrits l’absence
Si j’avais été ici une fois
je serais toujours ici
Les toits ne sont pas moins hauts que le ciel
les branches pas plus lentes que l’aile d’une tourterelle
L’escalier qui conduit à ma chambre
mène aussi au théâtre des mots
Scrute cette lumière
jaillissant de la pierre
Les coins éloignés
du jardin
se rapprochent les uns des autres
Le courant d’eau les pousse
dans la paix de la vasque solitaire
Soumise, l’ombre avance
portant nos pas
vers ce que nous ne connaissons guère
Libère – toi de l’allégresse de la fin
tu es voué à cette marche
entre âme et âme
et les revenants ne se rappellent plus qui tu es
Habite la chambre du silence
comme un sourire discret
Les scintillements reproduisent
des fleurs qui jamais ne se ressembleront
Chaque fois le jardin accueille les premiers souffles
A chaque pas
commence
la danse
L’Andalousie n’est pas un vocable
Regarde
Couleur de musique
Traces
d’amants
Ne cherche pas un autre lieu
Ici
l’Andalousie de l’eau
est ton Andalousie
Le jardin des déserts
recueille
mes amis errants
l’un
après l’autre
Ils sont ici
échangeant des coupes de vin
Ils ne se lassent pas
Les nuits se répandent
sur des versants qui descendent
vers les vallées du silence
Mais les amis se réunissent ici
nuit
après nuit
Jardin
Désert
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MOHAMMED BENNIS
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