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EMMILA GITANA
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6 avril 2014

LES VITRES SOUFFLEES

Je ne suis qu’une fine partie de conscience. J’éprouve des joies impartageables et des douleurs qui me gâchent l’existence. Je colle aux parois du jour comme une araignée sur sa toile. Le jour se substitue à l’épouvante qui saisit ma conscience. La lumière est-elle là pour éclairer ? En vérité, mon handicap ne rencontre presque jamais l’idée que je me fais de lui. J’incube dans une passoire de lamentations où sursaute mon orgueil. Une fraîcheur bleue se cache sous les mots que l’espoir féconde. Je me dois d’incarner l’espoir lui-même si je désire m’illuminer de ses promesses. Je m’engaillardis d’un corps que je n’ai pas. Mes rêves transpercent les ténèbres adjacentes, je sommeille sur un lit de tristesse qui traverse la beauté sans plus la voir. Je me greffe à l’imaginaire corporel en oubliant ce que je suis.

Où regarder devant soi lorsqu’on échoue à réintégrer sa propre histoire, lorsqu’on refuse de se soumettre à sa biographie et que l’on exclue de s’en imprégner pour lui donner un sens ?

Je me suis quitté sans un adieu. Peut-être, est-ce là l’insouciance qui précède le choc. La rupture est là, et je n’ai toujours pas intégré la parole absurde qui l’entoure. A la surface de l'eau en quête de lumière, je reconnais la peur des algues sous l’effet galbé des vagues. Je ne peux considérer mon désastre sans l’incarner hautement. Une pudeur m’assiège tout à coup. Ne deviendrais-je pas un arbre sur la place du marché si soudainement la terre devenait une soutane de soubresauts, une fontaine épuisée sur la place du village ? Je serais droit comme un piquet et je m’élancerais vers le soleil pour me nourrir de sa lumière et de sa chaleur. Un jour, je le sais, mes feuilles fanées onduleront à la caresse du vent et je réinventerai des morceaux de monde réel. Je redessinerai l’univers pour y semer des fleurs que l’on n’arrache pas.  

L’homme encagé marche sur l’aube sans la percer. J’avance droit comme les crabes, je tricote les couleurs inapparentes de la forge à grelots. Demain annonce l’usage du jaune sur les vitres soufflées de l’enfermement. Une conscience fugue à tire d’ailes sur l’écume frelatée de l’incohérence funambule. Je suis l’oiseau posé sur la poudrière du ciel qui s’enflamme. Je cuicuite comme une perdrix qu’un chasseur soulève. La traversée de la charpente osseuse ne se fait pas sans graver l’air de pictogrammes estropiés. 

Peut-on accepter de vivre sans avoir au fond de soi l’étrange idée d’être utile ? Combien d’illusions dois-je laisser pousser librement avant de réintégrer la respiration de chaque chose ?

 

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/archives/p20-10.html

 

 

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BRUNO

 

 

 

 

 

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