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EMMILA GITANA
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14 avril 2014

SOLITUDE DES SEUILS...Extrait

le torrent roule ses eaux lourdes
les fusils claquent dans le soleil

 

j’invente sous la treille
la fraîcheur de l’aube
le conte blême de la lune

 

la tour là-bas
la tour de la mère tutélaire
me tient serrée dans ses entrailles

 

— depuis quand et toujours —

 

[un chien jappe qui jamais ne cesse
emplit le vallon de sa gouaille
les châtaignes boguent dans la mousse]

 

l’hiver est en suspens        à la lisière

 

l’avant-naître et l’après

 

même solitude même silence      lent
je cherche l’instant pérenne
qui me détache du passé      du futur
équilibre d’absence sur le fil

 

dans la tiédeur du jour
le vrillement incessant des insectes
je guette les signes avant-coureurs

 

de l’autre saison

 

[les coupes sourdes dans le maquis
les rondins abandonnés
à la clairière neuve
l’odeur de bûche fraîche
le grelot qui rythme les heures
les trouées de trilles dans les chênes
les froissements d’ailes
qui brouillonnent les feuilles]

 

la terre remuée s’évade
odeurs d’urine et de moisi

 

la mer plus proche
mer montgolfière
dure et sereine
monte à l’assaut du ciel

 

Immobilité du matin.

 

Le plumbago est en fleur       [Bleu du Cap]
malgré cette douceur
une brume blanche enveloppe

 

— ouate village
ouate clocher
ouate collines —


 

englouti enseveli
plus rien n’existe
ni présent ni passé
demain avalé
oubliée
la dentelaire douce

 

un petit vent frissonne frais
secoue l’eucalyptus
la mer mugit en contrebas

 

— happée —

 

surgit par trouées grises
griffonnées de crêtes blanches

 

[chaussures de montagne
bonnet de laine brune sur les oreilles
coupe-vent rouge
gants vert amande blonde]

 

tout en marchant (je) dévie
ma route (je) dérive
jusqu’aux confins de la Nouvelle Zemble

 

— nouvelle jusqu’à ce jour
(j’) en ignorais l’existence et le nom —

 

quelle carte pour dire
de quel Nord il s’agit
du petit qui n’existe pas ou du Grand ?

 

tout en marchant (je) rêve
aux brouillards de Barents
à cette île noyée — passage du Nord-Est —
qui depuis des jours vacille
toujours son nom échappe
entre un [k] … et un [v]
le tréma et l’arrondi d’un [o]
placés dans le désordre

 

qui pourrait le croire
un brouillard fibreux d’étoupe dense
engloutit montagne et crêtes
le village et ses piani
ses murets ses chapelles
le lampadaire bourgeois
au-dessus de la route

 

les chèvres surgissent au détour
une par une sonnailles au cou
le mugissement des vagues tout proche
le gros du troupeau se resserre [flanc à flanc]
les échancrures de chair brune retroussées
fièrement dans la broussaille de la laine

 

(je) sens le chuintement des roches
une goutte puis une autre
les oasis minuscules dans les replis
Utah miniatures forgés
à même les schistes verts
superpositions de strates
feuilletés de pâte fine

 

ça gargouille ça pleut
ça frissonne ça sommeille
ça s’écaille ça se délite


 

menues trouées de nacre
qui s’effrite sous le graphite

 

les nuages se lèvent
la mer se libère      de son poids de brume
les gris du ciel se diluent      acier de l’horizon
le maquis s’enracine
la nature s’ébruite

 

dans le recueilli de son silence

 

— et toi en ton centre
tu dis que cela est bien

 

crottes
serrées menu le long du talus
(ma) vie entière
dans ces déjections d’olives noires
petites niçoises fripées

 

dans le redoux du jour.

 

.

 

ANGELE PAOLI

Sur http://www.terreaciel.net/Angele-Paoli#.U0wyOlfkJcp

 

.

 

 

chevres2,,

 

 

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