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EMMILA GITANA
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14 avril 2014

JE N'AI PLUS MAL, JE M'ACCOMPAGNE

Je ne répugne pas à marcher dans ma tête. Seul dans ma chair, l’infirmité danse comme une gitane autour d’un feu. Mon corps et moi, nous tenons l’humiliation du handicap à bout de bras, loin des flammes et des pas incertains. Un bateau à l’amer grince toujours dans la cruauté de mes rêves. Dans les bulles d’une brume opiniâtre, résiste la morsure faite aux formes pures. Mais, j’accepte la laideur qu’inflige la peine. Reste à convaincre les autres, tous les autres, que malgré l’infirmité, il n’y a pas péril en la demeure.  

 

 

 Mon physique et mon comportement s’additionnent. La mutation au placard de ma vie induit l’introspection et les guillemets ne révèlent plus aucune exception. Tout ne se partage pas, encore moins la mutilation corporelle. Chacun est seul face à la douleur. Mais lorsqu’elle est invisible, il ne tient qu’à soi d’être courageux. Mon identité s’est troublée, mon prénom a changé de look et je suis désormais « l’handicapé » qui occupe l’espace apprivoisé et qui se meut étrangement. La beauté se remarque, l’infirmité, aussi. Celui qui est aveugle bénéficie parfois de l’image d’un devin, celui qui présente un corps bafoué attise presque toujours la pitié. Toutes les phrases incluant « le pauvre », purgent mon indocile humilité. Mais comment imaginer une relation d’égal à égal lorsque les corps sont d’une typologie différente ? J’illustre la faille que chacun peut entrevoir en son sein. 

 

 

 L’écriture est ma cane blanche. Elle m’aide à traverser les terres inconnues et chaotiques. Elle redimensionne mon existence sur le fil d’un équilibriste. Là où je ne pose plus le pied, je glisse parmi les faux-semblants. Pour moi, le sol est partout où mon esprit me fait tenir debout. Je n’ai plus mal. Je m’accompagne. Les enjeux du monde social me verrouillent. J’habite le no man’s land et mes frontières ont le goût des espaces neutres. J’invente de nouveaux codes avec lesquels les intérêts opposés deviennent de validité équivalente. Être porteur de ce que l'on considère être un handicap, c'est toujours devoir accepter l'inacceptable pour apprendre à vivre comme sujet avec son corps et la réalité.  

 

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/archives/2014/04/09/29626854.html

 

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Folon

Oeuvre Jean-Michel Folon

 

 

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