20 mai 2014
BRISURE II
Quel mot pur, essentiel, total
Dense, inoubliable te dire ?
Un bruit confus s’élève dans mon cœur,
Comme une sourde angoisse,
Et se remue, enfant redoutable d’un sentiment amer
Il se crée une inexplicable musique,
Combien dure, étrange et lente,
Inconnue :
Coups sourds frappés du lourd marteau de la mémoire,
Appels funèbres d’un avenir semé d’orages solitaires,
Au seuil du temps.
Solitude,
Complainte grise et froide,
Maîtresse déjà tes cheveux impalpable comme la vie
Couvriront mon front moite,
Et tes longs doigts d’algue incolore
Errants par mon corps effondré
Épuiseront leurs efforts à chercher
Ma jeunesse perdue.
Ô solitude, demain déjà je serai tien
Dans le crépuscule de ma chambre étroite
Où danse vainement la douce clarté de la lune.
Et les chansons des garçons neufs
Criant leur vie à pleins poumons
Au vent du large ?
Et la belle fille qui passe,
Aux fortes jambes mues en cadence,
Épousé du soleil et du violent désir des hommes ?
Puisque tu pars demain,
Puisque déjà tu es partie et que le lourd vaisseau
T’emporte dans ses flancs,
Écoute un instant ce cri
Qui te suit le long de la blanche blessure de la mer,
Ululement de la sirène au bord de la tempête
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JEAN AMROUCHE
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