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EMMILA GITANA
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1 juin 2014

JULIO CORTAZAR

Pas de larmes si les plantes poussent sur ton balcon, pas de tristesse
si de nouveau la course blonde des nuages t’est donnée pour preuve de l’immobilité,
de cette permanence parmi tout ce qui fuit. Car le nuage sera ici, constant dans son inconstance, quand toi, quand moi – mais à quoi bon nommer la poussière et la cendre.

Oui, nous nous abusions, croyant que passer dans le jour
relevait de l’éphémère, l’eau qui glisse sur les feuilles jusqu’à se perdre dans le sol.
N’a de durée que l’éphémère, cette plante idiote que ne connaît pas la tortue,
cette tortue qui lambine et tâtonne dans l’éternité, l’œil creux,
et le son sans la musique, la parole sans le chant, l’étreinte sans le cri d’agonie,
les silos à maïs, les montagnes aveugles.
Nous autres, assujettis à une conscience – le temps –,
nous ne nous soustrayons pas à la terreur et au plaisir
et leurs bourreaux non sans délicatesse nous arrachent les paupières pour nous montrer interminablement la façon dont poussent les plantes du balcon,
dont courent les nuages vers l’avenir.

Le sens de tout cela ? Rien, une tasse de thé.
Pas de drame dans le murmure, et tu es la silhouette en papier que les ciseaux vont tirant de l’informe : ô qu’il est vain de croire
que l’on naît ou que l’on meurt
quand il n’est de réel que le creux demeurant sur le papier,
le golem qui nous suit en sanglots dans les rêves et dans l’oubli.

 

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JULIO CORTAZAR

 

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françois henri galland,,

Oeuvre François Henri Galland

 

 

 

 

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