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EMMILA GITANA
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21 novembre 2014

LES SEPT PRENOMS DU VENT...Extrait

 Chevauchez vagues chevauchez crêtes illuminées
                Sable et sel et craie et soleil
     Grande banque de larmes et ses branches de  sel
Chevauchez vagues roulez jusqu’aux horizons blêmes
               Cendres et sel et plaie et silence
Inlassable murmure immense émulsion des âmes en ténèbres
Braise bleue des vaisseaux enfoncés et des planches à croire
    Roulez vagues roulez vos épaules comme les hanches salées
             Braise et lune et craie et souffrance
Eclairez blanches les déchirures sournoise des ronces de rochers
  Les lumières assassines des naufrageurs aux dents d’ombre
Poussez la charrette hurlante des vents du nord des tempêtes
Roulez vagues hurlez sous le harnais du souffle d’épouvante
               Brume et amble et soie et soleil
Ombres cachées couchées au fond du froid au fond des ongles
     Jusqu’à l’aveugle folie des abimes où dorment celles
Qui ont exaucé les rêves de conquêtes les espoirs magellans
Celles aussi qui ont enfoncé le titanic et les barques de pêches
      Hurlez vagues hurlez entre leurs seins de sel éblouissez
                Sable et sel et craie et soleil
     Grand champ d’iris au jusant reposé parmi les algues
        Laissez-vous caresser par ce sable que vous saoulez
Avouez ce sel qui blanchit vos doigts écumants car voici
L’instant d’écrire aux rochers votre testament de craie
     Acceptez le soleil entre les plis creux de vos robes
Et chevauchez roulez hurlez éblouissez l’aube du temps
                    Soleil et craie et sel et sable
      Un monde retourné se défait entre les mains mouillées
      Comme une caresse à l’envers qui semble lasse et nue
Face à l’immense pulsation dont on ne sait rien d’autre
     Que ce qui bat sous la peau jusqu’au fond du silence
Jusqu’au sang chevauché interminable le jour la nuit le jour
                       Semble et pleine et salie et sable
La plage au matin délaissée les longs doigts bleus posés
Comme les vagues épuisées sur les épaules des sirènes
      Et le cœur est si las au bout des nuits de joues salées
Au bout des rêves hurlés roulés trop grands pour une vie
               Brune et tendre et sel et dormante
     Plus de montagnes pour lever les roses de l’horizon
  Plus qu’une longe posée sur le sol comme on se donne
Un cheval entre les bras quand sonne le cœur monte la houle
               Bleue et craie et tremble et brûlante
    Plus rien qu’un bouquet d’eau entre les doigts les cils
Et la soif d’y renaitre bientôt au jusant les aisselles en pluie
                       Soleil et crêtes et cris et tempêtes
              Comme on se laisse manger les paupières la nuit.

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ALAIN DUAULT

 

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duault

Photographie Emmila

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