EXIL A LA FRONTIERE DES MONDES
pour Elsik,
la tcharentsienne
Es-tu du côté du rêve ou bien du réel ? Ton ombre est là, à mes côtés, — tu es là. Et pourtant, — je t’ai dans moi, — quand j’ai faim de toi. Je t’appelle de loin et dès lors en moi tu viens. — Je passe dans ton ombre, je glisse dans ton soleil. Je suis en avant de toi, j’en chante quand tu parles. — Et, je t’enchante et nous naissons de cet en chant.
Puis, tu pars alors au-delà du visible. — Tu reviens entre mes mains, tu es mon demain. — Reculer les résistances, faire tomber les murs. — Oiseaux que mon rire délivre, tes seins s’envolent. Non, tu n’es pas d’ici, tu es d’ailleurs toujours. — Or, tu es le Janus bifront aux portes ouvertes. Voici la porte janvier, il a neigé une heure. — Fin janvier, neige des transitions et des pas sages.
— Marche dans la brume ! ton pas léger dans l’entre-deux. — Je te vois là-bas, au son d’un doudouk lointain, sur des routes inconnues, là où tu vibres nue. Tu chemines à la lisière, près de la frontière. — Un chemin perdu que le vent vient caresser. — L’or de la poussière vole dans le présent du temps. Elle monte, tourbillonne sur la terre rouge. — Rouge de sang.
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SERGE VENTURINI
Paris, 31 janvier 2015,
jour de saint Sarkis.
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Photographie David Seidner