Je les ai vues toutes plonger
Dans les remous sous la cascade,
Aussi vrai que je vous regarde,
Leur disait Jef le braconnier.
Elles étaient nues comme la main
Et blondes comme les légendes
Qui tremblent aux sources d'Ardennes.
Je les ai vues... deux qui s'embrassaient.
Les belles garces de minuit !
Dans l'estaminet de Maria
Le genièvre allumait la nuit
Mi-close sur les enchanteuses
Devant les buveurs stupéfaits.
Je les prendrai dans mes filets,
Je te les ferai crier d'aise
Si je les tiens entre mes bras
Les deux qui s'embrassaient, sais-tu...
Maria lui dit : cherche toujours
C'étaient des putes de Bastogne
Qui s'en revenaient de Kermesse
Et t'auraient foutu la vérole,
Au lieu que moi...
Le gars sourit, leva son verre
Embué tel leur souvenir
D'un givre à peine ;
Toute sa soif en la fraîcheur
Fondait, fondait à perdre haleine.
Sans mot dire il ouvrit la porte
D'un coup de pied et disparut.
Le vent sentait la mousse humide...
Le rêve attend le petit jour
Pour nous dérober ses merveilles
Et l'accord des ombres pareilles
Aux jeux secrets de notre amour.
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ANDRE HARDELLET
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Oeuvre Paul Chabas