POEME A ALAIN GERBAULT
Tu n'es pas fait de la même glaise que nous
C'est un autre torrent qui brise tes genoux
De quel monde inconnu tiens-tu ces belles hanches
Ces colombes de sel qui nichent dans tes branches
Ton pas n'a pas franchi le seuil de nos prisons
Tu ignores le gel et le nom des saisons
Et tes bras sont peuplés de voyageurs étranges
O toi dont la peau sent le soleil et l'orange
Qui trace ton sillon dans le sable des mers
Connaîtras-tu jamais nos sourires amers
Nos épaules fanées, ces poitrines fragiles
Et les relents d'acier qui ternissent nos îles
Tu marches sans compter dans l'écume et le temps
Dans l'air ou tout est clos personne ne t'attend
La chambre où tu es né glisse sur ses persiennes
Mais c'est une autre odeur qui flotte que la tienne
Ami féroce et blond sans étoile et sans port
Tu n'as pour passager que ton coeur à ton bord
Plus loin que l'horizon dans les steppes d'eau verte
Peut-être cherches tu quelque vague déserte
Ou quelque liane d'or pour y nouer ton sang
Tes cheveux sont poudrés du soufre des tempêtes
Le flot ronge à demi l'écorce de ta tête
La voile monte haut sous ton hâle puissant.
Que t'importe aujourd'hui nos plaies et nos frontières
Tout se donne ou se prend entre la terre et l'eau
Le jour qui s'est levé gicle dans la lumière
Et tu es plein d'éclaboussures, Alain Gerbault.
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RENE - GUY CADOU
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Oeuvre Jean-Pierre Morin
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