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EMMILA GITANA
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12 novembre 2015

LES APPARUS

Les opinions publiques, si elles existent ne sont pas autant qu'on le dit formatées par une presse aux ordres de l'idéologie ultralibérale dominante, feignent de les découvrir. Affectés de traumas qu'ils traînent avec les malédictions de ceux qui les ont chassés, ils visent à échapper à la stigmatisation des déclarations ministérielles répondant par le blâme et l'expulsion à la légitime émotion des populations. Ils se trouvent (dis) qualifiés d'office sous une terminologie administrative qui ponctue systématiquement d'ordonnances à quitter le territoire, chacun des noms qui voudrait pouvoir en finir avec eux et leur régler une fois pour toutes le sort qu'invariablement toutes les autorités leur infligent : migrants, réfugiés, clandestins, sans papiers, Roms, gens du voyage, nomades... Une administration entière lance son personnel, ses chiens, ses bulldozers et ses dossiers à la recherche de camps où les enfermer, de motifs d'intimidations, d'arrêtés et d'attendus pour mieux les désespérer, de polices armées, de tribunaux et de barbelés pour davantage les refouler. Et eux ? Ils se définissent moins du pays dont ils sont partis pour en fuir les horreurs que par ce qu'ils sont en train de faire et qui n'a rien d'un crime ou d'un délit : ils cherchent à se poser, à se protéger, à s'inclure et s'insérer dans un coin où pouvoir enfin trouver un peu de paix sans déranger qui que ce soit. Ils apparaissent aux yeux de nos sociétés qui préfèrent les voir disparaître. Ce sont les éliminés, les résidus de nos technologies de pointe, les laissés pour compte de nos civilisations, les oubliés de cette vie de notre monde clos que nous appelons l'histoire, ce sont un grain des poussières échappées des pires dictatures. Sans droit, sans nom, de toute origine ou de n'importe laquelle. Les désigner c'est dire comment nous nous regardons quand nos destinées se croisent. Ce sont des peuples bientôt disparus par la violence de nos pouvoirs. De lointains frères, de vagues cousins. Mes en-allés que je voudrais voir installés. Si l'un d'eux entend ce que j'écris ici, dites-lui, traduisez-lui que nous sommes nombreux à les appeler pour qu'ils nous pardonnent de n'avoir pas fait assez pour les prier de rester parmi nous. Ceux qui les chassent et les maudissent ne méritent que des procès pour inhumanité.

 

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JEAN-JACQUES MU

 

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deplacés2

 

 

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