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EMMILA GITANA
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31 janvier 2016

LE SOUFFLE ET LA SEVE...Extrait

Ce matin, la vitalité de la beauté me communique son désir d’élévation. Feuilles d’automne tombées dans le miroir des saisons, je vous aime fringantes et craquantes lorsque le pas du marcheur vous écrase. La rosée toute nue s’adosse aux premières lueurs du jour et le mur sur lequel je m’appuie se repeint à la clarté des ombres traînantes.

L’esthétisme a le goût des rencontres. Pour lui, la solitude n’est pas un lieu privilégié, au contraire elle s’accapare l’objet même du beau pour le couvrir de toutes nos zizanies intérieures. Etranglé, l’élan porteur de la nature ne reçoit pas l’impulsion, le coup de rein permettant le décrochage. A mes côtés, une vie s’éteint doucement et je ne saurais dire toute l’ampleur de la déconvenue.

Chute inévitable, torpeur du résignement, la nuit définitive s’affirme dans la permanence. Je songe, ici, à l’arbre qui tombe frappé par la foudre. Dans la campagne endormie, un hibou vieille sur l’herbe déracinée, la tête saturée sur les plaies du bois calciné. Puis la montagne absorbe l’éclair pour en traduire ses notes échevelées concentrant l’harmonie dans sa fragile besace.

L’émiettement réconcilie la douceur de l’air avec les fragments de mots réparant le monde. Des voix mortes depuis la nuit des temps remontent par endroits des messages perdus, des tirelires d’un vocable enseveli par la zébrure du silence.

Trouble simulacre, la vigie de mon cœur plane au-dessus du souffle difforme de mon existence. J’habite par moment la clé de mes leurres. Ce qui reste caché dans le hall de la patience immobilise jusqu’à la source de mes paroles. Une voix décapante s’accorde aux aveux sans comprendre ce qui a creusé le puits pour en hisser l’eau jusqu’à la lumière.

Régénération brutale, aspirations irrésistibles et blessantes, serait-ce la soif hospitalière ou l’assèchement d’un bûcher qui dissimule la clarté ? Mettre à nu chaque rêve, chaque frisson, est-ce le moyen pour redonner à la présence le fugace tracé permettant de l’entrevoir ?

La renaissance est toujours un peu de cette terre en exil. Une expérience où le lieu devient une frontière et ou la limite franchit la terre natale.

Bientôt, l’onde qui me caresse à rebrousse-poil comme une remontée d’aigreur parfumera l’espace que tu as quitté. Il n’y aura là qu’angles morts et rebuffades dans l’asphyxie des jours contondants. Une larve ingérée et digérée par les coups de gueule du néant. L’exclamation de la lumière jaillira de la blessure suffoquée et la palpitation de l’instant s’en retournera dans le berceau où la pulpe et le fruit ne sont qu’attente, prières et éclatements d’un renouveau.

Le chemin nu et imperceptible, conduisant à la beauté de toute chose, est si tortueux que ses cascades d’émotions déroutent le promeneur de l’invisible pays d’une existence palpitante. L’abîme est alors le seul lieu possible pour la vérité.

Pour le Dérouté, l'esthète voyageur, le nomade funambule, ces allégories sont les vibrants témoignages d'un "dehors" qui fait fulgurance. Jaillissement d'un hors-champ, irruption de l'irréductible, d’un arrière-monde silencieux. Cloaques immanents de la représentation, l’unité narrative se disloque lorsqu’il s’agit d’étayer l’image de la beauté pure.

 

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/

 

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Sherry Akrami2

Photographie Sherry Akrami

 

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