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EMMILA GITANA
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27 février 2016

REDUIS A ETRE CE QUE JE SUIS

Ici, je respire ce que j’expire ailleurs. L’orage a creusé des sillons d’eau et de branches qui vont rejoindre la mer. Ici, le néant n’en finit pas de dégorger ses noyaux d’éclairs. 

 

Brûlent et refleurissent les fruits rouges de la terre. Cloaques de mots, des langues tombent dans la gamelle des sens mutants. Je ne suis pas certain d’être en lieu et place d’une rénovation cataclysmique.  

 

Des sculptures explosent sous les rayons agressifs du soleil. Anéanties, elles s’immolent gentiment sur les stries fatiguées et sans promesse d’une rosée de joie. 

 

Combien de fois n’ai-je pensé en regardant les autres à quel point ils étaient heureux. Plus que moi. 

 

Ainsi, je marche pareillement en moi-même

que sur les routes défigurées

où s’amplifient les détails de l’existence.

Je ne vieillis plus,

j’habite le secours permanent

d’une plage déserte

soumise aux fracas des pluies évènementielles.

Chaque jour navigue à vue

dans les tempos souquant vers la parole.

Ma langue pousse la boue des marais

et la tempête qui rongeait mon corps

crache des messages bleus sur la gelée du matin.  

 

Dis-moi, dis-moi toi qui sais. Dis-moi où s’écoule ce petit souffle de vent qui vient de plus loin ? Quelle limite pour un regard ? Quel lever du jour pour la nuit accidentée ? 

 

     La main près de la main et soumis à mes racines, j’essaie de dire jusqu’où peuvent s’étendre mes branchages anciens. Je sais la sève qui me parcourt, chaque saison nouvelle elle défeuille mes bois et ronge l’écorce protectrice.  

 

Les mots nous reliant l’un à l’autre se diluent dans les cavités où s’incrustent les termites du temps et puis ils s’évadent après chaque flambée que le Mistral attise.   

 

Gouttes, pluie, source, larmes, sueur, sang, ombres décapitées, rumeurs, vagues, mots, rides.... Puis cela vibre à peine, s'essouffle, craque, grimace, s'efface et se tait. Ce qui brûle dans ma chair d’encre est porté par la contrainte des lignes de fuite.   

 

    S’abstenir d’être n’est pas être. Tout en moi s'attire et se repousse, fusionne et se sépare comme dans la danse de deux corps dont un seul prédomine la transparence.  

 

Quelque part entre le tissu de peau qui me recouvre et le liquide rouge irrigant mes cavités intimes, le squelette de la nuit se réduit. Une lumière habitable gorge mes souffles et la chair asservie par mille turpitudes n’arrime plus à l’inqualifiable désert de mes sanglots. 

 

Ce qui déchire l’air en le brûlant,

transporte une silhouette périmée.

Dans un brusque arrachement,

l’accord avec la désinvolture

cherche le consentement mutuel.  

 

Ecrire est une soumission.

Sans cesse percevoir l’éclat au cœur de l’obscurité.

Sans relâche, mâchonner les signes visiteurs de nos abîmes. Comment ma soif de dire peut-elle renforcer la sensation de silence ?  

 

     Une étrange odeur de bois faisandé consolide l’idée que la sève promène l’énergie flamboyante de l’éternité jusqu’aux miroirs de la pensée. Comme si toute idée d’abandon était le reflet d’une mort au cœur de la vie. 

 

En moi, j’entends s’énumérer les rides textuelles d’un âge lointain. Elles semblent traverser les choses jusqu’à l’interrogation du regard.  

 

   Et mon corps se dilate du pastel de la lumière.

   Et mon âme s’ouvre à un désir

plus ample que le ravissement.

Je suis accablé par le silence du vertige.

   Le savoir et la connaissance endiguent-ils nos peurs ? Mon être correspond-t-il à ce qu’il saisit ? 

 

L’illusion trouve sa place dans la ronde des doutes. J’illusionne donc je suis, je suis donc je rêve.  

 

De l’air pour les mots,

de l’air pour rassasier la parole aux aguets !

À l’intérieur de ma nuit assourdissante,

je suis pauvre

des dernières tonalités métalliques

qui tombent de mes poches.

Je mords à l’eau froide,

incarcéré dans une nuit rouge,

piégé par les murs bleus se dressant de toutes parts.

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/

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K I Y O • M U R A K A M I

Oeuvre Kiyo Murakami

 

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