PARTI DES OISEAUX
Une paire d'oiseaux, un jour se laissa choir
Au bras d'un arbre qu'elle voulut pour perchoir;
Avec leur bec planté en face des montagnes,
Les deux oiseaux vivaient une vie de cocagne.
Mais la main d'un enfant empoignait une crosse,
Un pistolet à plomb qui mit fin à leurs noces.
Car, ce bout de métal, sinistre furibond,
Violemment fit un " boum " et l'oiseau fit un bond
De la première larme à la dernière ride,
De destruction, de mort, les hommes sont avides,
Au point de mettre fin, en toute gratuité
A la vie d'un oiseau, fruit de la liberté.
Sous le coup de l'impact, l'animal se fit droit,
Prenant pour un instant la forme d'une croix,
Comme s'il cherchait par ce geste solennel
A se cramponner à la vie du bout des ailes.
Et l'autre, pris de peur, repartit vers les cieux,
Délaissant son amour au destin capricieux,
Son amour entraîné dans l'air, tourbillonnant;
Son amour, feuille morte tombée au printemps.
De la première larme à la dernière ride,
De destruction, de mort, les hommes sont avides,
Au point de mettre fin, en toute gratuité
A la vie d'un oiseau, fruit de la liberté.
C'est pour me repentir que j'écris ce " pardon ",
Et si un jour, chez moi, arrive le renom,
Je ferais de ta mort vaine, une mort illustre,
Un élan de passion pour une cause juste.
Si l'on me traite de fou, qu'importe ! Tant pis !
L'heure n'est plus aux sous, l'heure est aux utopies;
La tête dans les étoiles, moi le maso,
De mes mains j'écrirai le parti des oiseaux
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SIMON DEMURU-ANTONA
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