ALLEGEANCE AU VENT
Allégeance au vent. Les peupliers du jardin, ce sont horloges à eau chiffrant nos instants et saisons, ce sont fuseaux à fuyant fil de vie. Quand la lune se fait puissante, leur feuillage frémit en petites mains d’ombre sur le pignon laiteux. Te voilà femme de soie grège, béante sous les doigts de caresse, femme de vals et de coteaux, de frondaisons et de lichens. Femme arabesque, luxuriante et luisante dans le petit jardin où, en marche à travers la douceur, tu regardes pleuvoir une pâleur sur les acanthes (hautes hampes pétales-casques roses à peine), deux oliviers, un massif de fleurs en croix. Tu acquiesces à ce que tu es. Ombres celées, tressaillante soudain vertigineusement, tu offres en partage tout le vif du vent sur tes seins. J’embrasse en toi la fleur de vie.
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FRANCOIS LAUR
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