POEME
Il est des pensées que fait jaillir la nuit,
épaves de pirogues qui ne peuvent se dégager des flots ;
il est des pensées qui n’arrivent pas à se hausser
jusqu’aux lèvres et qui ne sont qu’intérieures.
Épaves de pirogues perdues loin des bancs de sable,
qui se charrient simplement près du golfe.
Devant, l’on voit une terre désertique,
et derrière, l’océan infini.
Ô mes pensées, quand naît la lune,
et que tout ce qui se voit paraît boire les étoiles !
Ô mes pensées, liées, enlacées,
épaves d’une pirogue aventureuse qui n’a pas réussi,
vous êtes suscitées en un moment suave
puisque déjà se repose aux limites de la vue
tout ce que nous croyons être l’univers,
et qui est le prolongement d’Iarive-la-sereine ;
en un moment de paix, en un moment de bonheur :
il siérait bien que s’élevât du fond du cœur
le plus beau chant, le chant qui dit
la dernière élégie, la fin du sanglot.
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JEAN-JOSEPH RABEARIVELO
(Traduction de l’auteur)
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TONONKIRA (Texte malgache)
Misy eritreritra atopatopan’ alina
Vakivakim-botry tsy tafavoaky ny onja
Misy eritreritra tsy afaka miarina
Ho tonga eo am-bava, fa ao anaty monja
Vakivakim-botry tsy tody tora-pasika
Mivalombalom-poana ery am-binanin-drano
Jerena ny eny aloha, tany midadasika ;
Ny eo aoriana kosa ranobe manganohano
O ry eritreritro rahefa tera-bolana
Ka toa misotro kintana izato zavatra hita !
O ry eritreritro mifatotra, miolana,
Vakivakim-botry nandeha fa tsy tafita !
Fotoana mamy loatra no ahaterahanao,
Fa efa miala voly ery ampara-maso
Izay rehetra inoantsika ho izao tontolo izao
Dia ny tohin' ny eto Iarivo madio mangasohaso
Fotoanam-pahatoriana, fotoam-pahasambarana ;
Mety raha misandratra avy ao anaty foko,
Ny hira tsara indrindra, ny hira izay hamarana
Ny fara-vetsovetso, ny faran’ ny toloko...