GENÈSE DE MES MAINS
Je voudrais t’offrir un collier d’escarboucles : quelques gouttes d’aiguail sur un fil de la vierge ; une rose trémière au jardin des douceurs ; des glèbes déchaumées sans foison de poussière. Je voudrais extirper notre ciel du néant, sauver de désaveu le fruit ouvert violine dans l’ombre du figuier – brève beauté, à jamais décisive – en dehors des mirements pudibonds et tartuffes.
Tu sais d’un goût très sûr que, floraison tardive, la reinette d’Amboulne est succulente variété de garde ; pomme monde, haut parfum sur claie de bois. Les années lèguent leurs senteurs ainsi qu’une surprise, nous laissant étonnés de n’être pas plus loin de ce à quoi l’on croyait ne plus croire. Tels ces moments anciens, consumés de rancœurs, qui m’ont octroyé d’exister par ta joie, quand bien même longs et lourds comme relents d’égout lors de brunes purulentes.
Mais je ne sais me souvenir où tu commences : l’instant où m’est venu désir de ce griffon, griffon de ce désir, quand tu as fait vibrer ta branche de coudrier au pays de l’autan, parmi mes saisons cahotées.
Lorsque tu m’as choyé du luxe de tes hanches et de ta toison d’or, des saveurs de tes sèves avec l’air du printemps, un coq a pu réamorcer l’aurore. Sont apparues pivoines rouge sang, pommes d’automne inattendues. Et le cœur rouge a vu tendres cailles des blés perdrix danser la danse de la pluie en plein cœur de février à l’heure des étoiles.
Nous avons consenti au temps et au jouir, ton ventre nu comme la nuit.
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FRANCOIS LAUR
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