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EMMILA GITANA
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27 février 2017

CENDRES...Extrait

Tout un peuple défunt secouait son linceul;
Tu seras dans ton lit de schiste
Au pied du figuier tordu.
Ils viendront par le Val de Mort
Montant lentement la colline
Le cimetière est à main gauche,
Tu ne t'en souviendras déjà plus.
Quand je cherche ma voix, j'entends vos lèvres closes
Votre terrible voix d'au-delà de la nuit...
Qui portera vos voix vivantes dans mes chants ?
Voix de la mort, pétrie du silence éternel
De mes absents plus présents d'être morts
En moi créés, en moi vêtus de rayons noirs
Tu roules dans ton flot les fruits purs de la nuit
Je n'ai rien su donner de mes secrets espoirs.
J'ai si longtemps gémi dans le corps d'une femme
J'ai si longtemps cherché l'oubli de ma présence.
Visages en douleur à l'orée de ma nuit, c'est vous qui revivez, tourbillons des jours noirs que j'avais cru défunts?
Vos pleurs pour qui sont-ils? Et vos rires cruels?
Et l'homme qui voulait tuer le souvenir s'abîme dans la nuit des espaces stellaires.
Je sais que tu viens de là-bas, de très loin
Là où l'homme n'a point de part.
Et que brûlent enfin mes souillures
Et mes vaines craintes.
Et les neiges des hautes cimes désirées
Sont loin, bien loin
Au fond du souvenir qui s'éveille,
Et meurt.
Tu abandonneras les musiques de ton enfance
Ta mère, qui le soir, t'endormait de ses chants.
Une étoile sanglote au fond de ma mémoire.
Complainte grise et froide,
Maîtresse déjà, tes cheveux impalpables comme la vie
Couvriront mon front moite,
Et tes longs doigts d’algue incolore
Errants par mon corps effondré
Épuiseront leurs efforts à chercher
Ma jeunesse perdue.
Ô solitude, demain déjà je serai tien
Dans le crépuscule de ma chambre étroite
Où danse vainement la douce clarté de la lune.
Et les chansons des garçons neufs
Criant leur vie à pleins poumons
Au vent du large ?
Et la belle fille qui passe,
Aux fortes jambes mues en cadence,
Épouse du soleil et du violent désir des hommes ?
Depuis des siècles et des siècles
Nous tournons autour des étoiles
Mais nous ne les voyons plus.
Mais toute parole est un germe mort
Si dans un coeur elle ne s'incarne.

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JEAN AMROUCHE

 

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JEAN AMROUCHE

Jean El Mouhoub Amrouche

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