14 mars 2017
GIGUE
La guerre, on la dansait dans la cour de l’école
Bardés de cheveux fous et de tabliers noirs
On sentait l’encre amère, un peu la confiture,
Une mouche d’été dormait sur nos devoirs.
L’institutrice était une jeune bergère
Qui avait entendu la voix de Michelet.
Ses yeux fleurs préféraient le rêve à la lecture
Ses seins n’avaient jamais bourgeonné dans des doigts.
Parfois, les jeudis clairs, elle allait en voiture
Acheter à la ville un coupon de satin.
Son fiancé, était – disait-on – mort en guerre
C’est un très grand malheur quand on n’en compte qu’un.
Crève le ciel d’orage et meurt la bergère
C’est avec nos cœurs sourds que nous dansons la guerre.
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LUC BERIMONT
In Cahiers de l’école de Rochefort
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Photographie Robert Doisneau
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