GALETS...Extrait
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Peuple d’ombres, mes amis,
vous dont les lèvres ne sont plus
que des pétales réduits en cendres
puis dispersés comme poussière
et confondus avec l’humide
et froide terre de silence
qui vous enserre sous les fleurs
et fait de vous quelle pâture
stérile et vaine, destinée
aux racines ivres de terreau !
Peuple d’ombres, mes amis,
vous, les trop aimés des dieux
et qu’ils nous ont ravis tandis
que vos bras s’unissaient aux nôtres
pour ceindre d’amples couronnes
le front des Sœurs mélodieuses,
ah ! ne m’entourez pas trop
et que les cadences de vos chants,
si belles d’être suspendues,
et si beaux d’être inachevés,
n’aient sur moi, près de ce fleuve
que je me refuse à passer,
nul attrait sirénien !
Ou bien faites que la cire
scellant les coquilles de mes oreilles
ne se fonde pas de sitôt
ni avant que ma frêle barque
soit amarrée en terre ferme !
Sous les palmiers, devant les sites
aimés de nous et des oiseaux,
vos cadences suspendues
et vos chants inachevés
revivront au bout de mes lèvres
d’une vie exultante de triomphe :
ils y pendront comme des fleurs
qu’aux dieux dont vous êtes captifs,
larcin d’un autre Prométhée,
des mains humaines auraient ravies !
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JEAN-JOSEPH RABEARIVELO
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