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EMMILA GITANA
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12 juin 2017

A JERUSALEM

À Jérusalem, je veux dire à l’intérieur

des vieux remparts,

je marche d’un temps vers un autre

sans un souvenir

qui m’oriente. Les prophètes là-bas se partagent

l’histoire du sacré … Ils montent aux cieux

et reviennent moins abattus et moins tristes,

car l’amour

et la paix sont saints et ils viendront à la ville.

Je descends une pente, marmonnant :

Comment les conteurs ne s’accordent-ils pas

sur les paroles de la lumière dans une pierre ?

Les guerres partent-elles d’une pierre enfouie ?

Je marche dans mon sommeil.

Yeux grands ouverts dans mon songe,

je ne vois personne derrière moi. Personne devant.

Toute cette lumière m’appartient. Je marche.

Je m’allège, vole

et me transfigure.

Les mots poussent comme l’herbe

dans la bouche prophétique

d’Isaïe : "Croyez pour être sauvés."

Je marche comme si j’étais un autre que moi.

Ma plaie est une rose

blanche, évangélique. Mes mains

sont pareilles à deux colombes

sur la croix qui tournoient dans le ciel

et portent la terre.

Je ne marche pas. Je vole et me transfigure.

Pas de lieu, pas de temps. Qui suis-je donc ?

Je ne suis pas moi en ce lieu de l’Ascension.

Mais je me dis :

Seul le prophète Muhammad

parlait l’arabe littéraire. "Et après ?"

Après ? Une soldate me crie soudain :

Encore toi ? Ne t’ai-je pas tué ?

Je dis : Tu m’as tué … mais, comme toi,

j'ai oublié de mourir.

 

 

.

 

 

MAHMOUD DARWICH

In « Ne t'excuse pas »

Actes Sud / Sindbad, 2006

Taduction Palestine Elias Sanbar

 

.

 

jerusa10,

 

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