AGNES SCHNELL...Extrait
Elle rêvait souvent, alors...
Elle multipliait les rêves comme si la vie, menacée dans son terme, avait besoin d’être doublée, prolongée par l’illusion du songe.
Son inconscient créait des lieux infinis. Elle passait de l’un à l’autre avec aisance, traversait le temps, les âges, les contrées sans s’étonner. Elle nouait le presque réel à l’absurde sans se réveiller. Il lui arrivait d’en rire dans son sommeil, d’en sourire encore se réveillant...
...Ses rêves germaient le jour et s’épanouissaient la nuit. Mais, de temps à autre, ils germaient la nuit et s’épanouissaient le jour. Elle était alors absente au bruit des autres, à leurs inquiétudes, à leurs vanités et futilités.
Elle était dans les clameurs de ses créatures, dans le fracas de son imaginaire. Elle était au bord du fleuve, toujours le même, dans l’attente d’un bateau ou dans une gare immense, petit pion parmi tant d’autres.
Elle gravissait une colline en pente douce sans fin. Elle était assise au milieu d’un verger digne de l’Eden. Elle dansait sans fatigue, sans poids ni freins. Elle était pianiste, violoncelliste ou une voix qui osait les chants les plus audacieux. Chaque matin la trouvait épanouie, enrichie des terres intérieures qu’elle seule avait foulées, ivre de rencontres, d’expériences, de jouissances.
Dans ses errances, une main ou un souffle l’accompagnaient. A la fois soutien et caresse, toujours tendres, toujours aimants. Elle disait, au réveil, qu’elle avait dormi dans la main de son ange…
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AGNES SCHNELL
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