AFFINS - A NOS PASSEREAUX SEDENTAIRES
Les hirondelles parties vous voilà sevrés des contes
de migration, sur des lieux que vous ne scruterez pas,
où les paysages marins aux montagnes succèdent
dans tout un luxe rêvé de parfums et de couleurs ;
le soleil devenu plus rare à vous de mieux comprendre
la faible et souvent bénéfique lumière du jour
dans l’espace de vos allées-venues qui se resserre
pour quelque clarté intérieure, dans l’introspection ;
sans la progéniture, de vos soins indépendante,
de l’anfractuosité murale jusqu’aux cyprès
trouverez-vous assez de résolution en vous-mêmes
pour vaincre la marée basse des flux, pour l’oublier ?
C’est un miroir brisé que je tends aussi à moi-même,
égrenant l’immobile cortège des jours d’hiver
auquel il n’est de recours que de faire face en silence,
dans le diminuendo de mes vis-à-vis, ou pairs ;
la façon dont nous sommes roulés dans les paradoxes
pousse aussi, sauf distraction ou folie, à nous demander
si ce n’est pas l’extinction des lueurs qui nous éclaire
dans la chute, heureusement degré après degré.
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HENRI-LOUIS PALLEN
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