AU FIL DE L'HEURE PÂLE
Un jour, au crépuscule, on passe, après la pluie,
Le long des murs d’un parc où songent de beaux arbres...
On les suit longtemps. L’heure passe
Que les mains de la nuit faufilent aux vieux murs...
Mais qu’est-ce qui vous trouble au fil de l’heure pâle
Qui s’ourle aux mains noires des grilles ?
Ce soir, le calme après la pluie a quelque chose
Qui fait songer à de l’exil et à la nuit...
On entend le bruit nombreux
Des feuilles partout
Comme un feu qui prend...
Des branches clignent. Le silence
Épie
Et il passe des odeurs si pénétrantes
Qu’on oublie qu’il y en ait d’autres
Et qu’elles semblent l’odeur même de la vie...
Plus tard, un peu de soleil dore
Une feuille, et deux, et puis tout !
Alors, l’oiseau nouveau qui ose le premier
Après la pluie
Chante !
Et comme une âcre fleur sort d’une lampe éteinte
Il monte de mon cœur l’offrande d’un vieux rêve...
Un rayon rôde encore à la crête du mur,
Glisse une main calme et nous conduit vers l’ombre...
Est-ce la pluie ? Est-ce la nuit ?
Au loin, des pas vieux et noirs
S’en vont
Le long des murs du parc où les vieux arbres songent...
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LEON-PAUL FARGUE
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