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EMMILA GITANA
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14 août 2017

MON PAYS QUE VOICI...Extrait

Sur mon visage j'ai dessiné les signes du Samba
et je remonte lentement ô mon Pays

le lit de ton Histoire
parmi la pierre à feu et le silex taillé
Et l'odeur acre de la poudre se mêle
à la senteur douceâtre des abricots

Tu ne connaissais point
le sacrificateur au couteau d'obsidienne
et qui ouvrait au valeureux guerrier
le chemin du soleil
Par la voix des Butios
l'oracle des Zémès
gouvernait le Pays des cent grottes
et les Chémis maîtres des destinées humaines
se partageaient l'espace
veillant sur ton enfance ô mon Pays

Mais un matin
ils sont venus par la route salée
jetant l'effroi au cœur de tes enfants

Ils sont venus avec en mains
colliers de verre
et menottes d'argent
petits morceaux de source congelée

Ils sont venus avec la croix
avec la pioche avec la trique
avec leurs chiens à la voix rauque

Par la route salée
ils sont venus sur leurs vaisseaux
ces Caraïbes d'une autre race
anthropophages à leur façon

Par les chemins de sable
ils sont venus sur leurs chevaux
ces conquérants tombés du ciel
Ils sont venus à la recherche de leur dieu
le pur métal aux reflets jaunes
et le tonnerre se faisait leur complice
Et j'ai vu ce Cacique entouré de son peuple
jeter au fond du gouffre le dieu de l'Espagnol
pour éloigner de ses rivages
les conquérants tombés du ciel
Mais ceux qui imitèrent son geste sacrilège
furent frappés par la voix du tonnerre
et ce fut chose horrible
et ce fut chose affreuse
le dieu de l'Espagnol était plus fort que les Zémès

Au milieu de ses Vierges
les Trois cents Filles nues comme des rosés
Fleur d'Or berçait le Caciquat
au rythme des tambourins
Paré des plumes de sa caste
de la couleur de paix
le Samba préféré chantait devant sa Reine
Et c'était chant et c'était fête
C'était chant de poète
et c'était fête belle
Et c'était danse et c'était fleur
C'était danse d'Amour et c'était fleur de chair
Et des mains en guirlande montait la vie nouvelle

Mais un matin ils sont venus
ces Caraïbes d'une autre race
anthropophages à leur façon
Et la voix du Samba s'est brisée
en mille éclats brisée
comme une coupe ô mon Pays
La chanson s'est cassée au ras de votre gorge
Samba de tous les temps
paré de la couleur de paix
Le dieu de l'Espagnol n'aimait pas les poètes

Au pays des grandes chasses au pays des abricots
l'Indien repose nu dans son hamac d'humus
Il ne connaîtra plus la faim
et plus jamais il n'aura chaud
Et plus jamais ne tressera
les guirlandes de fleurs à l'entrée des cavernes
l'Indien couché dans son dernier hamac
fumant le calumet de la paix éternelle

Car un matin
ils sont venus
ces Caraïbes
d'une autre race
anthropophages à leur façon

Car un matin ils sont venus
par la route salée et les chemins de sable
à la recherche de leur dieu
le pur métal aux reflets jaunes

Et ils sont morts ô mon Pays
tes premiers fils au fond des mines
pour que les grands aient couche molle
et vaisseaux bien gréés
Aborigènes des grandes chasses
et du pays des abricots
drapés dans la douceur
et la fierté de votre race
transmettez-nous votre croyance
au paradis sur notre terre

Je continue ô mon Pays
ma lente marche de poète
un bruit de chaîne dans l'oreille
un bruit de houle et de ressac
et sur les lèvres un goût de sel et de soleil
Je continue ma lente marche dans les ténèbres
car c'est le règne des vaisseaux de mort

Ils sont venus à fond de cale
tes nouveaux fils à la peau noire
pour la relève de l'Indien au fond des mines
( Le dieu de l'Espagnol n'a point de préjugés
pourvu que ses grands lieux de pierres et de prières
soient rehaussés de sa présence aux reflets jaunes
peu lui importe la main
qui le remonte du ventre de la terre )

Et l'homme noir est arrivé
avec sa force et sa chanson
Il était prêt pour la relève
et prêt aussi pour le dépassement
Sa peau tannée défia la trique et le supplice
Son corps de bronze n'était pas fait pour l'esclavage
car s'il était couleur d'ébène
c'est qu'il avait connu
la grande plaine brûlée de Liberté

Alors pour que l'Indien suivi du chien muet
chasse l'oiseau chanteur dans le pays des abricots
avec la flèche protégée d'un tampon de coton
pour que le fils connaisse son père
et que la fille ne soit plus
une fontaine au bord des routes
et pour que l'homme soit respecté
et dons sa chair et dans sa foi
ce fut la Trouée Noire
et dans l'Histoire
la haute brèche de couleur

Ô Pères de la Patrie
Précurseur Empereur Roi bâtisseur Républicain
Pères glorieux que je ne nommerai point
car tous mêmement avez droit à notre Amour
ô Pères de la Patrie
accordez-nous le don du courage et de l'honneur

 

 

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ANTHONY PHELPS

 

 

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