LE CERF-VOLANT
Ne me réveillez pas ce soir. N’allumez pas les lampes de vos rancœurs. Laissez-moi seulement m’apaiser de moi-même, de toutes ces larmes tombant sur le sable, de ces veillées d’absents, de ces exils acceptés, de tout ce temps ancré dans les veines de ce corps qui fatigue. Visitez-moi avec tout l’or de vos yeux, le trésor de votre présence, vos armes déposées aux pieds de nos défaites. Accompagnez-moi dans vos galeries obscures. Nous rejoindrons ensemble des beautés insoupçonnées dans les poumons de la joyeuse prairie des hommes. Et sous la bâche de nos vieux jours, nous protégeant du ciel amer, nous lèguerons à nos jeunes oiseaux le cerf-volant de notre utopie peut-être risible mais qui demeure intacte comme aux premiers élans de notre adolescence.
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BRUNO RUIZ
2017
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Oeuvre Jacques Truphemus