COMME UNE PROVENDE DE PLAISIR
La roche ruisselle De profonds sillons
dévoilent à nue l'empreinte des Titans
Et monte des millénaires un pérennel plain-chant
La vie s'écoule comme l'eau claire chantonne
Son cours apaisé accomplit
fidèlement les desseins du printemps
Ainsi du cycle tutélaire des choses invisibles
que la mer ravit et rend indéfiniment à la beauté
Une terre ocreuse que le couchant safrane
Des arpents parcourus de vignobles antiques
et sains lentement ouvragés
dont le pampre en automne exalte les astres
fascine l'azur des hommes de pierres jadis nommés
là où cols estives et sommets délinéent sans fin
métamorphoses et fantasmagories minérales
Je me suis rendu à l'orée d'un vaste domaine
Ressouvenance Remembrance
Il me parvint alors de lointaines fragrances boisées
Le torrent se révélait odoriférant
enfin revenu d'un été torride
des morsures d'une terrible sécheresse
Rien n'aurait donc changé depuis les alpages
dont on devine encore vers les combes
les sentes égarées
les joyaux de la transhumance
un havre de sources obombrées
Des hommes sont revenus de leur passé
Ils ont recouvré la mémoire avec l'outil
puis réhabilité l'art ancestral des vignerons
Aux pieds du château du village médiéval
rebâtir ce qu'il restait de l'ancien vignoble
le chai les dépendances en ruines devint vital
Les fûts de châtaigner qui débondaient
le nectar rouge garance des origines
furent remplacés par de nouvelles cuves de chênes
Et les cépages auront été passionnément mariés
comme on créa de sibyllins mélanges affolant les sens
La terre fut toute essence si riches de senteurs haute en couleur dans la mer
Les saisons lentement vont caressant les desseins
des vendanges réveiller les sucs du noble terroir
Le vin est tiré la récolte tiendra ses promesses
pour le solstice d'hiver Et la lumière jaillira
des vrilles de la vigne
des branches torses ployant sous la grappe mûre
gorgée de fruits
Quel plus beau pacte d'alliance L'amour en rêve
l'amour songe et délire
emporté dans le tourbillon des saveurs enchantées
Mon âme ici-bas d'entre toutes les nourritures terrestres
se joint un moment à la symphonie pastorale
ressuscitant à jamais le premier baiser à l'aimée
Que ma Lyre immensément humble renaisse
à l'alme fougue de nos caresses ivre et tant aimante
Qu'à ce délectable breuvage nous versions dans l'oubli
comme aux léthéennes retrouvailles des oliviers
Rompons à la solitude des ans privés des entraves
et des liens douloureux du sang et du parjure
Il est des jours des années qui vont en enfer
l'attente et l'absence aux carreaux d'une vitre
y ont laissé comme le souffle de prénoms susurrés
Dionysos aide-moi Faut-il désormais clamer
combien je t'aime Je crois en l'unique verdict
de ton élixir
pour me soumettre sans frein ni entrave
une dernière fois au feu numineux du destin
de ton immarcessible jeunesse
CRISTIAN GEORGES CAMPAGNAC
A lire sur
http://marin56.canalblog.com/archives/2017/12/21/35979002.html
Très belles photos...
Les orgues de la vallée de l'Ortolo, Corse du sud