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EMMILA GITANA
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22 mars 2018

PREAMBULE

J'ai eu envie de plonger dans l'espace changeant de la mémoire. L'élément déclencheur, ce fut le retour imprévu dans la région non pas de mon enfance mais de mes origines, ou plutôt d'une partie de mes origines. C'est un lieu à la fois connu de moi car je l'ai expérimenté et j'y ai des souvenirs mais c'est également un lieu raconté par les miens, et ce de tant de manières différentes qu'il m'arrive d'avoir la sensation d'une vision multiple, à la fois précise et brouillée. Les époques s'entremêlent, les personnages et les événements également. Il y a aussi de grandes plages de silence. Au bout du compte, ce qui ressemble à mon histoire ne m'appartient pas tant que cela. Elle implique les acteurs d'un récit demeuré fragmentaire car si l'histoire commence dans l'un des plis du temps où je figure, instant I d'où part ma pensée, qu'en est-il du temps d'avant ? Il me faut collecter les souvenirs des uns et des autres, mettre bout à bout les bribes et, quand manque le lien, inventer et supposer pour recréer la trame et fabriquer de toutes pièces les fines lamelles de l'éventail troué.
Étrange promenade en vérité. Elle croise l'autoroute de la grande Histoire, croqueuse d'hommes et de femmes, mais aussi des sentiers surprenants auxquels on ne prête pas attention, qui partent à gauche, à droite, et que j'ai ignorés jusque là parce que j'allais si vite… A peine les avais-je remarqués que je les avais oubliés, concentrée sur l'avancée de ma propre existence, bercée par le ronronnement de mon seul moteur. Maintenant, stylo en main, je m'arrête. Je zigzague, je vais à pied dans ces sauvagines redevenues presque invisibles tant la trace en est aujourd'hui ténue. L'empreinte des gens est peu de chose et pourtant ! Ce sont ces infinités de presque rien, ces petits pas dans la poussière du temps qui ont façonné ce présent objet de toutes nos attentions.
Je ne retrouverai pas les traces perdues des lointains ancêtres. Ni Cro-Magnon, ni romains, ni goths, aucun issus de ces anciennes tribus venues buter sur les limites occidentales de l'Europe. J'ignore à jamais ce qu'ils furent. Tous et toutes ont tissé le temps jusqu'au premier fil de la trame connue, intime, vécue par mes ancêtres proches et racontée. Avec les premières maille de ce canevas-là débute le conte premier, celui qui réjouit les enfants parce qu'il semble à la fois si exotique qu'il en est presque inconcevable, et si vrai par la voix qui le rapporte, réelle et aimée et attendue. C'est là que tout commence. "Tu ne peux pas savoir parce que tu n'étais pas née, mais quand j'étais petite, mon père, ma mère…" Ainsi en va-t-il de chacun.
Je mets quelques mots sur quelques visages, les moins éloignés de moi – même si beaucoup se sont déjà tus. Chaque mort engloutit des visages, tout un vivier d'histoires. A partir de ce qui reste, à partir du relevé des voies suivies avant juste avant nos premiers pas, nous bricolons notre propre légende sans réaliser combien elle-même nous fabrique et nous dirige. J'ai choisi de retrouver ces fragments, de leur donner un sens et, quand ils font défaut, de les relier avec le fil de l'imagination et du cœur. C'est un voyage dont j'ignore la durée ni la distance à parcourir mais, comme tout voyage, au fond, c'est avant tout un récit et j'en suis le scribe.
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LEILA ZHOUR
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DEEDRA LUDWIG8 ,

Oeuvre Deedra Ludwig
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