ANNE MARGUERITE MILLELIRI
Il y a ce ravage
que la raison écarte
un temps ; il y a
ce grésil craché du ciel, et l'aile
alourdie de cendre est sang sec ;
les eaux mêlées du fleuve vie
se figent dans les veines.
La vérité est blanche ou noire ;
solarisée, la vérité crève les yeux :
dans le réduit cubique de la question,
la lumière blanche
ensanglante les murs,
la tache noire au fond de l'oeil
absorbe le cri,
le lisse, le lyse,
le silence-on-tue ;
le silence honteux
déchette. Ici naît l'homme-guenille
d'âme sans mémoire.
Sur la terre piétinée pousse l'herbe noire
nourrie de l'eau de morts, de phanères,
de scories vite éteintes.
Pas de traces reste trace de pas
le passé ne passe pas ;
et dans l'eau noire de boue,
ce trou de blanche croix, le ciel
aile alourdie de cendres,
phanères, scories vite éteinte --
Quelqu'un.
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ANNE MARGUERITE MILLELIRI
18.07.2018
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Oeuvre Anselm Kiefer