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EMMILA GITANA
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4 septembre 2018

CHEMINS AU VENT

L’homme aurait inventé les chemins pour rien, nous voulons dire pour le seul office de la beauté – et en gratitude à la splendeur du monde. On nous fait l’éloge de l’Être, on célèbre sa grandeur mystérieuse et on nous invite à devenir ses dévôts. En fait, quelle déroutante opacité, quelle massivité inentamable dans cette notion de l’Être ! Par bonheur les chemins viennent dessiner le visage de ce qui n’était pas encore le monde. Nous lisons le monde à travers ses chemins, tout comme nous découvrons un visage à travers quelques traits un peu plus marqués. Sans ces nervures qui doivent être sèches sans être trop appuyées, y aurait-il un paysage ? Dans la savane, dans le désert, dans certaines forêts équatoriales n’existent que des pistes précaires, toujours menacées et qui en appellent à une sensorialité quasi animale, à une faculté de reconnaissance proche de celle du jaguar ou de la hyène. Mais peut-on véritablement rêver d’une nature qui aurait assez de constance et de luxuriance pour recouvrir les traces de l’homme et pour refuser toute fente qu’elle jugerait, à son endroit, honteuse ? Le regard humain est maintenant habile au point d’inventer la moindre ouverture et de suppléer à l’impuissance de notre corps quand il est submergé par l’opacité touffue des choses. Que l’on comprenne qu’il ne s’agit pas en l’occurrence d’efficacité ou d’intelligibilité mais de beauté et d’ordre. Grâce à ces chemins, il est rendu justice à tout ce qui vient à la lumière : ici une prairie, là-bas un village ou le début d’une banlieue. Les lisières, les frontières, les sentiers, les lignes ferroviaires, les côtes, les rivières, les fleuves pluralisent et multiplient la beauté

 

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PIERRE SANSOT

 

 

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henri lebasque2

Oeuvre Henri Lebasque

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