DU SILENCE PREMIER
Mère soyez gentille
différez l’heure
de ma naissance
Ainsi je serai
en puissance
comme on existe
en poésie
comme une lettre
en souffrance
qui aimerait bien
faire sens
sous le vacarme des idiots
Je me contenterai
des traces des saveurs
& du pur aliment
d'un travail de silence
or feu puisés sans cesse
dans les âges anciens de soi
substance incandescente
qui calcine les simulacres-
Je boirai
ce que les oiseaux
voudront me laisser
de l'aurore
chaque jour
un peu plus léger
chaque jour
un peu plus sensible
à la pure loi intrinsèque
qui osera me dire enfin :
laisse
toute chose
chanter sa vie
instinctivement
à son rythme
laisse
toute chose s'inventer
l'hirondelle
décider le bleu
& la voyelle
oser le sens
Sois vraiment
dans tes mots
& qu'ils soient
où tu es
Que ta pensée
revienne vers
la simplicité
de tes mains
.
RAYMOND FARINA
Extrait de "Ces liens si fragiles ",
Editions Rougerie
.
Oeuvre Daniel Ternon