CHRISTINE LAVANT...Extrait
Vieux sommeil, où sont tes fils ?
Tu dois en avoir des jeunes, des solides,
De ces gaillards capables de bien plus
Que de survenir et d’éteindre la lampe.
L’un doit s’allonger auprès de ma peur,
Un autre s’agenouiller sur ma nostalgie,
Ils doivent avoir tous deux des poings solides
Pour que les voisins n’entendent aucun cri.
Quelle poudre veux-tu me jeter dans les yeux ?
Du sable ? ― Je ris ! ― je peux t’offrir
tout un désert pour des yeux pareils
qui déjà s’en contentent.
Les miens, tu sais, sont deux colonnes de feu,
Un jour, le ciel s’y embrasera !
Mais avant je voudrais dormir enfin.
Vieux, vieux sommeil, n’as-tu pas de fils ?
( ..)
Est-ce bien des humains ? ― Comme on l’oublie !
Ils projettent des ombres devant l’arbre-soleil,
Des ombres très grossières ― elles ont des voix.
Comme c’est étrange : ― je crois qu’elles se disaient « des hommes ».
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CHRISTINE LAVANT
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Peter Kertis