REVOLUTION FRANCAISE DE 1848...
Dans les rues, un chant d'ouvriers furieux monte...Les barricades sont commencées. Il y a des incendies aux barrières. Un amoncellement de pavés et de vieux meubles jusque dans la rue de Grenelle.... Affolé, le piètre roi " en poire " a la sotte idée de nommer à la tête de sa troupe, Bugeaud, impopulaire à l'extrême. La vieille ganache, bornée et sanguinaire, fait massacrer une foule d'insurgés près de la Concorde . La Garde Nationale a commencé sa marche sur l'Hôtel de Ville...Le peuple de Paris pénètre dans le Palais des Tuileries...Tout est cassé, détruit....
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Le décret du 4 Mars 1848 accorde à nouveau le droit de réunion. Scandale! Une profusion de clubs féministes en profite. A leur tête, George Sand, agée de quarante quatre ans, Eugénie Niboyet, Jeanne Deroin... Toutes réclament l'émancipation....On voit partout Sand, plus que jamais en pantalons, haut-de-forme et cigare au bec. Elle réclame l'abolition de la dot, le droit au concubinage, le divorce par consentement mutuel, la garde des enfants. Jeanne Deroin, liée d'amour passion à Eugénie Niboyet, exige l'égalité des salaires, la maternité sans le mariage. Hissées sur des tonneaux, elles vocifèrent, applaudies par Daniel Stern, la comtesse Marie d'Agoult dont Franz Liszt lui enlèvera les trois enfants, et la belle madame de Girardin.
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La république bourgeoise finit par l'emporter. On ricane, on réduit au plus vite les femmes au silence...Les barricades ressurgissent, l'Assemblée confie le pouvoir à Cavaignac, homme de poigne...La révolte est sauvage. Au Quartier Latin, autour de l'église St Gervais, 50 000 hommes se battent contre les hommes de Cavaignac. Monseigneur Affre veut s'interposer entre un fusil et un ouvrier. Il est abattu sur le champ. Le 26 Juin, la répression est impitoyable. 15 500 hommes fusillés sans jugement. 1600 morts dont 6 généraux. Conséquences: 15 000 insurgés arrêtés, 11 000 en prison. Ils traversent Paris enchaînés.Le chant révolutionnaire aux lèvres, l'orgueil des pauvres, ou des saints. Sûrs de mourir, joyeux de haine, d'espoir et de rage! Dramatique et triomphant cortège qui pue la sueur, le sang, le vomi, l'urine, la crasse.
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Le 3 Juillet, l'insurrection est vaincue. Cavaignac remet ses pouvoirs à l'assemblée. Louis-Philippe, du fond de son exil, s'écrie : " La République a de la chance, elle peut tirer sur le peuple! "
HORTENSE DUFOUR
Extrait tirés de l'ouvrage " La comtesse de Ségur, née Rostopchine "
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