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EMMILA GITANA
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11 janvier 2020

DE PASSAGE

Être, de la première heure, matinale, aurorale, fébrile  ; la mer et le ciel se confondent sur la moire changeante et chatoyante  de la lagune. Ils s'interpénètrent, en silence et nous confient tant de choses essentielles. L'instant  est aux ocres chaleureux du petit matin, aux rochers mordorés  de la côte occidentale  et très découpée  de l'Île de  Corse.

Le chemin littoral  consacre les accords  complexes  et  mélodieux du long  cordon lagunaire. Le temps  s'y arrête, comme par enchantement  poétique, ivresse romantique ... Le genévrier noueux,  le lentisque pistachier, les massifs d'immortelles  se partagent généreusement les strates de la dune que la mer et les vagues ouvragent et superposent  sans fin. Algues, sable, végétaux durables, bois flottés, rochers, galets,  le lumineux  croissant de plage s'est doté d'un rempart naturel à toutes épreuves. La côte porte les stigmates des assauts  d'une  mer gonflée de colère ! 

Parfums de mangrove africaine ;  le pourtour de la lagune interpelle. La  similitude est frappante ; évasion, échappée belle aux pays des contes et de l'oralité, des lacs et des grands fleuves sertis de savanes primaires ! 

  Point d'occupation humaine, aucune invasion  ni de bâtis  outrageants  qui eussent  dégradé et affaibli un site de toute beauté. Splendeurs de la mer, du rivage, de ces noces perpétuelles auxquelles  Terre et Eaux  nous  convient. Partages. Il faut  surtout préciser  que les lieux sont protégés, auront été acquis par le Conservatoire du Littoral qui réalise en la matière  un travail  et un suivi  salutaires de grande qualité...

La promenade se poursuit. Nous sinuons entre  arbustes et  arbres à baies. Le maquis littoral méditerranéen rayonne, s'éploie. Ainsi du domaine maritime légitime.

Les montagnes se détachent sur  un azur roi et profond accrochant d'épais nuages en pelotes ouatées. Perspectives insulaires étonnantes que révèlent les heures  crues de l'hiver. Tel est ce cadre magnifique laissé, confié  à  la nature harmonieuse et souveraine qui l'aime et le choie.

Rendu au sommet de la colline meuble et radieuse, au détour d'un arbre vénérable de Phénicie, la lagune apparaît, livre enfin ses  secrets.

Un essaim de flamands roses repose  sur un banc de sable. Des reflets de ciels uniques et complices  subjuguent le réel. Les nuages s'y seraient immergés, semblent  regagner la surface, s'éployer sous les eaux claires. Les grands limicoles sont là, regroupés et nombreux ; près d'une cinquantaine d'individus. La robe  nous apparaît plus rose et la nuée de flamands, également. Rencontre une nouvelle fois féerique, inattendue. Saine récompense en ce jour d'hiver étrange,  par la douceur  inhabituelle de l'air qui ceint le vaste domaine et qui nous enveloppe. 

Les grands oiseaux sont de passage ; est-ce  là une autre escale, le même ensemble de flamands qui  eu,  au mois d'octobre dernier, comblé nos  errances  de l'autre côté du grand sud de l' île ?  Sont - ils de nouveau en partance pour l'Afrique, s'apprêtant déjà et d'un commun accord pour leurs parades nuptiales ? 

Ils  se parlent, se nombrent, se cherchent en se déplaçant d'un bout à l'autre du groupe ; graciles  et nonchalants, endormis,  jamais agressifs, ils tissent avec leur  cou  un mystérieux lacis d'âmes et de  silhouettes enchantées, oniriques. J'envie leur liberté. Cette liberté  que le vol et les grands espaces accordent à la vérité, à la fidélité d'un dessein universel.

Je les photographie. Me viennent, me coulent en pensées tous ces mots que je couche maintenant  sur le palimpseste des rêves. Comme nous, ne se disent-ils pas  : 

_ " Où allons - nous, d'où venons - nous, quand partirons - nous  vraiment depuis  que nous  perpétuons  l'immémoriale noria de la migration des âmes ? Comme un conte pour enfant, une Histoire sans Fin, à l'orée des mythes et des métamorphoses, je ne laisse plus de les observer, d'admirer la dive complétude de leur être aux mondes,  d'embrasser l'énigme  de ce fulgurant  voyage.

D'où leur vient ce sens  inné de la navigation hauturière, cette  capacité à recouvrer leurs escales disséminées sur la longue route de l'immanence, louant  dès lors le cercle  immuable des renaissances ? 

Pour vous lectrices et lecteurs, à partager,  ces images du Peuple Migrateur, ces moments magiques que le système cupide des choses  éphémères détruit chaque jour, avec véhémence, impudence, l'insolence que le petit  écran affiche chaque heure qui passe et trépasse ici-bas 

 

 

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CRISTIAN GEORGES CAMPAGNAC

http://marin56.canalblog.com/archives/2020/01/11/37932582.html?fbclid=IwAR20-_kYZjLFu43zswb5bDIk7ySKiCgy57cBkumJ8D0j1ssoRvI-aiC6lyc

 

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flamands roses corse du sud

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flamands roses corse du sud

Photographies C. Ortoli

 

Commentaires
J
Comment ne pas reconnaitre le style qui m'entraine dans une réalité si bien décrite...<br /> <br /> Merci Emmila pour cette magnifique publication, et ces splendides photos .
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EMMILA GITANA
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