3 février 2020
ALEXO XENIDIS...Extrait
Tout se détraque,
Quelquefois il faut peu de temps, le bébé juste né devient
Bleu
Ce qui n'est pas une couleur du catalogue homologué
Il est en conséquence classé au rebut, arrosé d'eau de javel
Pour qu'aucun misérable ne vienne le voler
Quoi, j'abuse ? Regardez ces marchés où des parents viennent revendre
Leurs petits adoptés, chats caractériels, nous avons fait ce que
Nous avons pu mais il lui faudrait un jardin où s'ébattre et nous
Sommes en appartement
Tout se détraque, tout, dès la première seconde, Ô Maman,
Tu me pousses, tu voudrais t'en aller,
Toi et moi quelle brève rencontre
La vie est un parcours fait pour que se détraque tout, tout le monde,
Que ce qui est vivant ne le soit plus qu'à moitié à un quart presque plus
Que tombent tes dents tes cheveux tes seins ton ventre
Tes illusions et tes amours que tombent ces rideaux qui te cachent
Combien tout le décor est rapiécé, combien déjà la pièce de théâtre
A déjà été jouée, que des acteurs poussifs ânonnent en bafouillant
La Femme, l'Amant, le Mari, le Placard,
Tout, tout toi se détraque depuis l’initiale, depuis le premier mot
Le premier sentiment, rouage après rouage, pivot après pivot,
Les engrenages sautent et tu revis dix fois les mêmes catastrophes,
Pignons usés, ressorts cassés, tout se détraque, le cœur en soubresauts
Autour le monde n'est pas mieux ses enfants bleus dans les poubelles
Historiques des morts de froid les consciences à l'abri, détraqué,
Détraqué, et si de temps en temps l'un ou l'autre s'arrache à cette mécanique
Et crie Au secours À moi Réunissons-nous Battons-nous
Il retombe
Vite, emporté par la vie qui détraque, casse, use, déglingue,
Rend l’amante frileuse et l'ami craintif, et la poésie rose
Pour rassurer, les fleurs les feuilles et les branches, fanées,
Le cœur qui ne bat plus que pour se battre encore contre l'obsolescence
Ne cherchez plus le sens
De la vie
Je l'ai trouvé je vous l'offre
Je ne sais pas si vous aimerez ce cadeau
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ALEXO XENIDIS
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