JEAN CAMILLE...Extrait
Nous les enfants
Ordinaires des vents contraires
Malgré tout il nous fallut vivre
Etre mais contre
Un adversaire ou une épaule
C’est un métier à temps complet
Qu’aimer et qu’être aimé
Puis un jour le couplet s’arrête
On a beau recompter ses doigts
Remettre à jour
Le carnet de bal des caresses
C’est à coups de pied dans les fesses
Que l’on vous envoya valser
La vie est assez cavalière
La perspective l’est aussi
Passant avancé sur les rives
Le ballot se chargeait d’éclats
La rivière charriait les shrapnels d’en quatorze
Les mères allaient rond mais ça ne tournait guère
Et leurs enfants blessés n’avaient ni bras ni jambes
Il arrive qu’on chante
Certains soirs le malheur avait le goût sucré du goûter de quatre heures
Qui appelle ?
Est-ce ma mère à la fenêtre ?
Ou est-ce mon amour qui me tend une pierre ?
Pour peu on entendrait
Un bol de sang en une paume creuse
Un vent dur comme une façade a clos l’hiver
Entends-la vaciller la tige métronome
Elle est le branle du cœur
Le bonheur un grain de beauté
Sur une beauté sans figure
Femme étincelle
De mon âme la virevolte
Tu descendis dans la rosée
Aimer essaimer des bouquets d’Egypte
Et des roses de Phénicie
Saupoudrées au sel des étoiles
La nuit tu me sauvais la vie.
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JEAN CAMILLE
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Oeuvre Salvador Dali