MARION LUBREAC
Entrez, soleils!
Ce matin, assise sur un banc bleu
J’ai vu rire la terre.
Alors les grenouilles, puissantes et limpides, ont envahi de verdure cette nouvelle nuit,
tandis que
Durant des heures,
siffle le merle noir.
De mes orteils de plumes sauvages
ont germé d’énormes tournesols éblouissants pour éclairer ma route.
Froufrou d’envol ;
On s’ improvise d’évasion.
Vole, enfant du secret!
Les hélianthes voguent et tremblotent entre mes cuisses cigogne.
Je dois voler,
tête haute au vent,
frôler de près la mousse des arbres engourdis,
sans l’encorner.
Ce sont de ces charmes
qui simulent des ressentiments blanchâtres
alors qu’ils ont les yeux dans le fort loin du ciel.
Je dois flotter entre les vagues des charmilles
même si mes cheveux s’y enguirlandent
à me faire hurler de terreur.
...J’ai nagé trop haut dans leurs yeux pâles.
J’ai goûté l’âpreté des salissures de leurs passés
enfouis sous les cendres de leurs existences
mortes à jamais.
Je me sais si petite.
Tellement frêle.
Comme un roc éternellement mâché par les dents du varech.
Impuissante à pied ferme!
Je reste l’enfant du soleil couchant
Fille de la lune et de l’arbre de vie.
Ma nage est pureté.
J’ai cessé d’atterrir quand on m’a enfermée.
Au grand large de moi-même.
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MARION LUBREAC
09/05/2020
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Photographie Thami Benkirane
https://benkiranet.aminus3.com/