POEMES DE SAMUEL WOOD...Extrait
...
Feindre d'ignorer les lois de la nature
Réincarner en songe la forme abolie,
Prêter au mirage les vertus d'un miracle
Est-ce pour autant faire échec à la mort ?
Tout au plus douter qu'elle nous sépare,
Que soit un fait le fait de n'être nulle part.
Irréparable cassure. Prenons-en acte.
Nous voilà désolés la vie durant,
Notre mémoire ouverte comme une blessure,
C 'est en elle que nous la verrons encore
Mais captive de son image, mais recluse
Dans cette obscurité dévorante
Où, pour lier son infortune à la nôtre,
Nous rêvions d'aller nous perdre ensemble
toute amarre tranchée, et joyeux peut-être
Si le pas eût été moins dur à franchir,
Ne faire qu'un avec elle dans la mort
Choisie comme la forme parfaite du silence.
A s'unir au rien, le rien n'engendre rien.
S'il faut vivre éveillé aux chose vivantes,
Craignons plutôt que le chagrin ne s'apaise
De même que vient à faiblir la mémoire
Cesser de souffrir en cessant de la voir
Nous rejoindre la nuit favorable aux rencontres
Serait comme laisser le coeur s'appauvrir
Par deux fois dévasté, et désert.
.
LOUIS-RENE DES FORÊTS
.