UN AUTRE MONDE
Un bout d'anthologie à mes mots qui résistent
À mon corps décentré, à mon île essoufflée
La photo de ce que je croyais foutu à retrouver
Les couleurs dans une traversée du désert,
Séchées depuis tant d'années
Au soleil des femmes nues, des amours abandonnées
Des eaux immenses et des vestiges fleuris
Des peaux qui se transforment en miroirs révulsés
Un squelette qui danse avec une rose
Le parfum des temps oubliés qu'une lèvre
Retient au bord d'une terre dont j'ai rêvée
La maison de tout et de rien, aux quatre vents,
Où les fenêtres n'ont pas pris une ride
Malgré les tempêtes et les cloisons perforées
Sommer le paysage de me réinventer une aube
Pour alléger le ciel et en finir avec les ombres
Regarder l'oiseau passer de fleur en fleur
Dessiner un paravent sur le sillon des cris
Équarrir la trame des silences, réveiller le Rythme cardiaque des anciens volcans
Se terrer dans l'étoffe aveuglante des jours
Parler à l'oreille des gouffres et s'émerveiller
Creuser à même la chair pour faire remonter
Des cryptes le chant des désirs,
La source trop longtemps étranglée sous l'écale des brûlis
Humer les jardins où le sang s'est immobilisé
Habillant mes nuits d'encre, de robes mouillées
Un souvenir terrible, une alcôve de choses étranges
Pour ne pas perdre de vue les coulées radieuses
La folie des lunes dorées, les sentiers intimes
Tendre vers son chemin d'homme
Aux extrémités de la plus échevelée saillie
Rivières qui courent parmi les voix mortes
Les cuisses qui prennent racine, douloureuses
Matrices, au confluent des plaies saumâtres
Un bout d'anthologie à mes mots qui revisitent
Le lieu, l'arrêt sur une image où le trop-plein
De nous s'est aggluttiné en une sauvagerie
D'îlots, dans une mappemonde désaffectée
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