MEMOIRES SANS VISAGES & AUTRES TEXTES...Extrait
« Le murmure de l’impossible écrase déjà mes phrases aveugles
Je crie l’incendie sur le lac
Et les crinières blanches des départs avortés
Pourquoi le taire, je n’ai pas d’autres souvenirs
que ces ébauches dépouillées,
Un brin de thym vaut une pâquerette
J’ai froissé l’immortelle sur une plage battue des vents
Toi, mon prince des mers, je savais ta douleur
Et la mosquée des sables,
Comme un grand cormoran parmi les tamaris
Je n’ai besoin de rien
Je marche sur les dunes, sur les murailles des châteaux-forts
où tu cueillais, qui donc cueillait l’œillet sauvage ?
Je suis la mémoire des fleurs, mais pourrais-je t’imaginer
autrement que figé dans un herbier exsangue
J’entends une chanson glacée brûler le monde à ses accords cachés »
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COLETTE GIBELIN
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Oeuvre Pierre Bonnard